A Istanbul les œuvres de l’architecte Sinan sont généralement
mises en valeur et bénéficient des égards dus au maître dont on a récemment
loué le génie créateur en lui consacrant une exposition. Il y a pourtant une exception. Depuis la
station de métro Haliç et en se dirigeant vers Karaköy, trouver le caravansérail
de Rüstem Pacha, édifié par Mimar Sinan, n’est pas chose facile. D’ailleurs
personne ne le connaît sous ce nom dans le quartier. Il faut préciser Kurşunlu han, faisant référence à sa
toiture de plomb initiale bien qu’aujourd’hui il n’en reste aucune trace. Par
pudeur sans doute, la pancarte de l’entrée a été taguée pour effacer la mention
de monument historique.
Tandis que les deux autres édifices (mosquée et medrese) commandés
par le grand vizir et époux de Mihrimah, fille du sultan Soliman le Magnifique,
se trouvent de l’autre coté de la
Corne d’Or et sont soigneusement entretenus, le délabrement
de celui-ci saute aux yeux. Comme tout le quartier de Perşembepazarı, espace
commercial et artisanal vétuste, spécialisé dans l’outillage et la
quincaillerie, il sombre dans la décrépitude sans que personne ne semble
disposé à tenter d’y remédier.
Pourtant il est l’unique construction de ce type
de ce côté de la Corne
d’Or. Elevé en 1550 sur les ruines de la cathédrale latine Saint-Michel endommagée
lors d’un grand incendie, les arcades du rez-de-chaussée en seraient en grande
partie les vestiges ainsi que le chapiteau (surmonté d’une pompe à eau) que l’on
peut voir près de l’entrée quand il n’est pas enfoui sous les détritus.
Les aménagements successifs pour utiliser les lieux comme
dépôts ou ateliers ont défiguré la bâtisse depuis des décennies. Retrouvera-t-elle
un jour une allure plus digne de son architecte?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire