Emblématique du tourisme en Turquie, patrimoine naturel
et culturel inestimable, la
Cappadoce au cœur de l’Anatolie recèle bien des merveilles
dont on ne se lasse pas.
La perspective
mi-juin d’y refaire un tour fut accueillie avec enthousiasme.
En deux mots
plantons le décor : deux grands volcans, Hasan Dağ à proximité d'Aksaray
et Erciyes à proximité de Kayseri ont conjugués leurs éruptions avec des
tremblements de terre pour modifier les reliefs. Le ruissellement de la pluie,
le gel et le vent ont sculpté dans ces amas hétérogènes de roches des paysages
d’une beauté stupéfiante, canyons, pitons, vallées, ravins, falaises, cônes
et cheminées de fées.
Les hommes ont été sans doute très tôt fascinés par ces
insolites formations géologiques et ont compris le parti qu’ils pouvaient tirer
de ce que la nature leur offrait ici, de solides habitations, des refuges
inviolables, des lieux de cultes secrets pour peu qu’on se donne la peine de
creuser le tuf. Les artisans des premiers creusements seraient les Hittites.
Mais la région fut peuplée depuis le paléolithique ancien,
il y a presque un million d’année comme le laisse supposer les fouilles
entreprises à Kaletepe par l'université d'Istanbul et le CNRS, attestant d’un précoce
atelier de taille d'obsidienne. Près du
village Kızılkaya à 25km d’Aksaray le site Aşıklı höyük témoigne d’un
peuplement entre 8200 et 7500 av. JC et d’habitations néolithiques (antérieurs
à Çatal höyük, 7400 et 6000 avant JC.) ainsi que d’une importante industrie
lithique sur obsidienne.
Avant d’arriver au terme du voyage le Tuz Gölü (lac salé)
offre au regard ses teintes rosées particulièrement prononcées cette fois. Je
ne me souvenais pas d’une telle palette de pastels. Mon dernier passage date un
peu (printemps 1998 !). Quant au 1er c’était en été 1975,
autant dire que ça remonte au déluge. Entre temps, il y en a eu deux autres, en
novembre 1989 et en avril 1993, afin d'initier Perine et Erdi au plaisir de la randonnée dans un décor exceptionnel.
La halte routière déjà existante a été aménagée depuis.
Café, restaurant, épicerie, magasin de souvenirs et même un musée invitent les
touristes à prolonger la pause au bord de ce lac peu profond, 1 à 2m au début
du printemps et presque asséché à la fin de l’été. L’évaporation a commencé son
œuvre et les dépôts de sel ourlent déjà les rives. Pas moins de trois cents
mille tonnes y sont prélevées chaque année !
Nous venons de dépasser Aksaray et notre destination
d’hébergement, Avanos n’est plus très loin.
Un petit détour vers la vallée
d’Ihlara est donc envisageable en bifurquant direction Güzelyurt.
Un cours d’eau, le Melendiz
cayı se faufile sur 14 km
dans la gorge qu’il a creusée, bordée de parois verticales hautes de plus de
100m.
A l'une des extrémités de la vallée d'Ihlara, le village
actuel de Selime est cerné de cônes de tuf, curiosité géologique que l’on
surnomme parfois « pénitents » et qui est particulièrement bien
adaptée au lieu puisqu’elle abrite un ensemble monastique rupestre
spectaculaire.
Véritable labyrinthe de galeries et d’escaliers qui relient
salles communes, cellules des moines, réfectoires, étables, greniers pour
stocker les céréales et bien sûr chapelles et église avec piliers, voûtes et
arcades, il fut probablement creusé à partir du 5e siècle.
Un türbe
seldjoukide du 13e siècle monte la garde de l’autre côté de la
route.
Quelques kilomètres plus loin on accède à la vallée
d’Ihlara par des escaliers aménagés dans la falaise.
Là encore les Chrétiens trouvèrent
les lieux à leur convenance pour tailler dans la roche quelques 70 églises dont
seules quelques unes sont accessibles. Elles sont décorées de fresques plutôt
bien conservées.
Pour se dégourdir les jambes on prolonge la balade bucolique en
suivant le sentier bordé de vignes et de vergers. Les mésanges et autres petits
oiseaux y improvisent un mélodieux concert.
Reprenant notre itinéraire initial en direction de
Nevşehir, une dernière halte de choix pour voyageurs fatigués : l’un des
nombreux caravansérails seldjoukides jalonnant les axes commerciaux. L’édification
de celui-ci, Ağzıkarahan, fut commanditée par un certain Hoca Mesud. Elle commença
en 1231 sous le règne d’Alaeddin Keykubad et se termina vers 1240 sous celui de
son fils Giyaseddin Keyhüsrev.
Les détails
architecturaux sont bien représentatifs de l’époque : hauts murs percés
d’un portail monumental aux décors géométriques sculptés, cour intérieure
presque carrée avec en son milieu une petite mosquée surélevée sous laquelle un
affectueux chiot a pour l’heure élu domicile, coupole ornée de mukarnas sur la partie couverte.
Le soir tombe quand nous arrivons à Avanos, petite ville provinciale installée de chaque coté de la rivière Kızılırmak…
Dans un prochain article,
la suite de notre périple : les cheminée de fées de Paşabağ (les vignes du
Pacha), des villes troglodytes Zelve et Çavuşin, la cité souterraine de Özkonak
et un monastère peu visité mais que son guide improvisé s’emploie à faire
connaître…
* Périple en Cappadoce – Zelve, Çavuşin, Uçhisar, Özkonak
* Périple en Cappadoce – Vallée rouge, Caravansérail seldjoukide Sarıhan, Avanos
* Périple en Cappadoce – Zelve, Çavuşin, Uçhisar, Özkonak
* Périple en Cappadoce – Vallée rouge, Caravansérail seldjoukide Sarıhan, Avanos
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