La dernière page du quotidien Hürriyet du mardi 17 juin 2014 n’est pas ordinaire ! Elle
publie l’appel au peuple que lance un citoyen de Marmara Ereğlisi, clamant son
indignation à propos du sort réservé aux vestiges de la ville antique de
Perinthos.
Cette annonce ne
pouvait que m’interpeller car depuis plusieurs étés je ne manque pas de suivre
l’avancée des fouilles saisonnières qui se déroulent dans cette petite ville de
Thrace, à 100 km
d’Istanbul, dégageant lentement les restes d’une basilique byzantine. J’ai déjà
eu l’occasion de vous en parler.
Le Professeur Dr. Mustafa H. Sayar
de l’Université d’Istanbul, rencontré sur les lieux, avait même pris le temps de m’expliquer que Perinthos était
un site d’un grand intérêt archéologique, comparable à Ephèse… renforçant ainsi
mon espoir d’assister enfin prochainement au réveil de la cité oubliée, dont la
visite se limite pour l’instant à quelques éléments (sarcophages et colonnes) réunis dans un petit parc, loin du passage d’éventuels curieux, et de quelques
vestiges exposés au musée de Tekirdağ.
J’avais même cru comprendre
que la municipalité faisait miroiter l’élaboration d’un projet associatif pour
soutenir les recherches archéologiques dirigées par M. Önder Öztürk, directeur du musée de Tekirdağ. Mais ces promesses ne cherchaient apparemment
qu’à camoufler d’autres projets moins avouables, puisque dans le même temps
elle laissait remblayer un autre terrain qui abritait lui aussi des vestiges
d’importance, tout près de la route principale bordant la petite ville, mais que son propriétaire
destinait à la construction d’une station d’essence.
Avec les déclarations
de M. Ertan Furtun s’étalant sur toute la couverture arrière du journal
Hürriyet (tirage environ 380 000 exemplaires) et détaillant les péripéties
juridiques de l’affaire, l’ignorance n’est plus permise. Il somme les autorités
compétentes à mettre tout en œuvre pour sauver ces vestiges avant qu’il ne soit
trop tard.
Il reste à
souhaiter que cette audacieuse initiative qui prend tous les lecteurs à témoin
ne reste pas lettre morte!
La période estivale voit les villages alentours se
peupler de nombreux citadins stambouliotes et autres qui ne devraient pas
rester indifférents. Depuis le village de Yeniçiftlik, tout proche, je ne
manquerai pas de guetter les suites de ce très explicite appel à réagir, qui avec
humour mais détermination invite ses concitoyens à se réveiller, utilisant un jeu
de mot avec le nom du maire de Marmara Ereğlisi, İbrahim UYAN*, qui lui aussi
aurait intérêt à se réveiller très vite pour ne pas ternir davantage l’honneur
de son patronyme et l’image de son parti politique CHP.
*UYAN = réveille-toi
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