Depuis Kars un long détour était au programme pour
découvrir les fascinantes merveilles naturelles, et les insolites paysages de
la région.
Nous remontons vers le nord en direction de la frontière géorgienne
pour une première halte au bord du lac Çıldır qui se trouve à 1950 mètres d’altitude
et a la particularité d’offrir en hiver ses 123 km² entièrement gelés en
surface et praticable en traineau !
En ce début mai, la glace a fondu mais un petit vent
froid pousse les nuages, découvrant des bouts de ciel bleu… pas pour longtemps !
Le lac constitue la
plus grande réserve d'eau douce d'Anatolie orientale et au regard de la météo,
aucune menace d’assèchement aujourd’hui. Déjà quelques gouttes viennent interrompre
la balade ! On y pêche la carpe qui se déguste dans les gargottes encore barricadées. C’est
aussi un observatoire d'une grande variété d'espèces d'oiseaux, fréquenté aussi
par les oiseaux migrateurs. Mais pour le moment même les canards sont à
l’abri !
En raison d’une visibilité très réduite par des nuages
bas, on fait l’impasse sur la visite du château du Diable, situé à proximité de
la petite ville de Çıldır et agrippé au flanc d’une falaise rocheuse,
aujourd’hui accessible par une route goudronnée puis par un sentier. Sa
construction remonterait à la période géorgienne du haut Moyen-âge. La légende
populaire attribue son invincibilité à une protection diabolique que nous
n’avons pas osé affronter !
Nous continuons vers Ardahan avec le faible espoir d’y
visiter un autre château situé dans le centre-ville, sur les rives de la
rivière Kura. Il a été utilisé durant les périodes seldjoukide et ottomane. Il
fut restauré au milieu du 16e siècle sur ordre de Soliman le
Magnifique comme en atteste parait-il une inscription à l’entrée Ouest.
Mais la pluie ne laissant pas de répit, on en profite
pour se régaler de tandır ekmeği ,
sorte de galette cuite dans un four circulaire en pierre, au restaurant du
centre ville Ardana döner, avant de
poursuivre notre itinéraire vers une curiosité naturelle qui ambitionne de
faire de l’ombre aux cheminées de fées de Cappadoce.
Une brève halte en bord de route à Narman nous a donné un
aperçu de ce paysage étonnant, le « pays des fées rouges » qu’il aurait
pourtant été plus confortable de découvrir au sec. Petite consolation, la
couleur n’en est que plus intense !
Résultat d’un processus géologique complexe s’inscrivant
sur plusieurs millions d’années, le vent, la pluie, les températures extrêmes
sculptent patiemment ces aggloméras de roches.
On en voit ici un bel échantillon de différents stades de
formation.
Nous devrons cependant abandonner le projet de découvrir
la cascade de Tortum, autre formation géologique impressionnante résultant d’un glissement de
terrain dans la région montagneuse de Kemerli ayant bouché le cours de la
rivière Tortum et formé le lac du même nom. Au printemps surtout, les eaux du
lac Tortum qui débordent la zone rocheuse du glissement de terrain se déversent
en cascade sur 21metres de large et 48 mètres de haut. Un balcon d'observation permet
d’admirer les spectaculaires chutes d’eau. Une autre fois peut être…
Nous arrivons à Erzurum un peu fourbus par cette journée
de route mouillée.
Déjà la nuit tombe et nos dernières forces nous
propulsent au centre ville pour une rapide exploration du caravansérail de
Rüstem Pacha, connu sous le nom de Taşhan, commandité par le grand vizir de Soliman
le Magnifique (en fonction de 1520 à 1566) et achevé en 1561.
Chef-d’œuvre de l'architecture caravanière ottomane, il
comprenait une auberge, une petite mosquée, une aire de repos, des boutiques et
des aires d'attache pour les chameaux, les ânes, les bœufs, les buffles et les
chevaux.
Il s'élève sur deux niveaux et entoure une cour
rectangulaire.
Restauré en 1965, il a subi quelques modifications et
abrite aujourd’hui le plus grand marché de pierre d’Oltu, autrement dit
une pierre de jais (pierre de gagate) provenant des alentours de la ville
d’Oltu située un peu au nord d’Erzurum. L'extraction est réalisée dans quelques trois cents puits de mines. Dans le Taşhan se trouvent les ateliers des
artisans où la pierre est découpée, taillée et polie, sertie et vendue dans les nombreuses boutiques.
Cette pierre semi précieuse issue du genévrier fossilisé est
connue aussi sous l’appellation d’ambre noire. Elle était destinée à
l’accompagnement des rituels sous forme de statuettes ou amulettes, de parures
de perles, de coffrets, et en pendentif comme talisman chamanique. Elle est
aujourd’hui utilisée pour la confection des chapelets de prières et de bijoux.
De couleur noire intense, d’aspect lisse et brillant,
cette pierre a la réputation d’offrir protection, ancrage et positivité depuis
au moins l’antiquité et même la préhistoire. On l’associe également au deuil
pour sa capacité d’absorber les émotions négatives, d’éloigner les pensées
sombres.
Demain avant de s’envoler vers Istanbul, nous
découvrirons d’autres édifices historiques de la ville…
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