L’hiver dernier, le musée Guimet ouvrait ses portes au
Tadjikistan, jeune pays d’Asie Centrale qui tente de se faire connaitre sur la
scène internationale en avançant la carte culturelle.
La saison 2022/2023 met à l’honneur son voisin l’Ouzbékistan,
lui aussi territoire aux multiples influences culturelles et religieuses. Il semble
mettre les bouchées doubles pour dévoiler à son tour un riche patrimoine et des
savoir-faire ancestraux dans les musées parisiens. Tandis que le Louvre plonge
les visiteurs dans son histoire multi millénaire très mouvementée (nous y
reviendrons dans un autre article), l’IMA nous offre une vision colorée de
splendeurs textiles relativement récentes, réalisées au 19e siècle
et début 20e. Les 300 pièces exposées sont pour la plupart
présentées pour la première fois hors des musées nationaux. Elles bénéficient
d’une scénographie muséale aérienne et spectaculaire sur un parcours à deux
niveaux de l’Institut du Monde Arabe. Sur les routes de
Samarcande. Merveilles de soie et d'or.
Situé sur la route de la soie qui relie la Chine à la
Méditerranée, le pays a su
produire très tôt ses propres étoffes.
Mais l’art textile atteint son apogée sous le règne de l’émir Muzzaffar ed-Din (1860-1885), comme
un dernier sursaut pour affirmer la richesse d’un héritage qui a marqué
durablement le répertoire décoratif et
les techniques artistiques, alors même que le pays était sous protectorat russe
dès 1868.
Tandis qu’à cette époque l’empire ottoman se laisse
séduire par les modes européennes et délaisse peu à peu les traditionnels kaftans, les artisans ouzbèkes
redoublent de créativité pour produire des habits brodés d’or, ces
somptueux chapans.
Indubitablement
ils ont un air de famille avec ceux que portaient les sultans et princes ottomans.
– Le musée de Topkapi à Istanbul en conserve une collection exceptionnelle dont
les plus anciens en bon état de conservation datent du 16e siècle. A ces vêtements d’apparat, s’ajoutaient quelques
vêtements talismaniques censés guérir ou protéger de tout péril. –
Ici nous en découvrons un exemplaire Ouzbek de la fin du
19e siècle.
Si la forme du vêtement est assez semblable, les chatoyants
chapans ouzbeks se distinguent des
kaftans turcs par des motifs, des broderies, des couleurs et des compositions très différentes.
Les femmes en portent aussi.
L’exposition présente aussi des accessoires pour les
montures.
Une selle en bois peinte à la main,
Un harnachement de cheval brodé d’argent,
Un ornement de crinière (cuir, turquoises, argent)
De magnifiques ikats de soie, tissus dont les motifs sont
obtenus par la teinture partielle des fils avant le tissage.
Un léger décalage
peut se produire, provoquant sur le motif un passage flou entre les différentes
couleurs, caractéristique de ce genre de tissu. Le processus complexe, a voyagé
dans l'espace et le temps sur tous les continents, sans qu'on sache toujours
précisément quelles voies il a empruntées d'un territoire à l'autre.
Les suzanis
(grandes pièces de tissus brodées), de Samarcande, Boukhara, Shakhrisabz
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