vendredi 2 décembre 2022

Splendeurs textiles d’Ouzbékistan à l’Institut du Monde Arabe

L’hiver dernier, le musée Guimet ouvrait ses portes au Tadjikistan, jeune pays d’Asie Centrale qui tente de se faire connaitre sur la scène internationale en avançant la carte culturelle.
La saison 2022/2023 met à l’honneur son voisin l’Ouzbékistan, lui aussi territoire aux multiples influences culturelles et religieuses. Il semble mettre les bouchées doubles pour dévoiler à son tour un riche patrimoine et des savoir-faire ancestraux dans les musées parisiens. Tandis que le Louvre plonge les visiteurs dans son histoire multi millénaire très mouvementée (nous y reviendrons dans un autre article), l’IMA nous offre une vision colorée de splendeurs textiles relativement récentes, réalisées au 19e siècle et début 20e. Les 300 pièces exposées sont pour la plupart présentées pour la première fois hors des musées nationaux. Elles bénéficient d’une scénographie muséale aérienne et spectaculaire sur un parcours à deux niveaux de l’Institut du Monde Arabe. Sur les routes de Samarcande. Merveilles de soie et d'or.


Situé sur la route de la soie qui relie la Chine à la Méditerranée, le pays a su produire très tôt ses propres étoffes. 


Mais l’art textile atteint son apogée sous le règne de l’émir Muzzaffar ed-Din (1860-1885), comme un dernier sursaut pour affirmer la richesse d’un héritage qui a marqué durablement le répertoire décoratif  et les techniques artistiques, alors même que le pays était sous protectorat russe dès 1868.


 
Tandis qu’à cette époque l’empire ottoman se laisse séduire par les modes européennes et délaisse peu à peu les traditionnels kaftans, les artisans ouzbèkes redoublent de créativité pour produire des habits brodés d’or, ces somptueux chapans. 



Indubitablement ils ont un air de famille avec ceux que portaient les sultans et princes ottomans. – Le musée de Topkapi à Istanbul en conserve une collection exceptionnelle dont les plus anciens en bon état de conservation datent du 16e siècle. A ces vêtements d’apparat, s’ajoutaient quelques vêtements talismaniques censés guérir ou protéger de tout péril. –
Ici nous en découvrons un exemplaire Ouzbek de la fin du 19e siècle.



Si la forme du vêtement est assez semblable, les chatoyants chapans ouzbeks se distinguent des kaftans turcs par des motifs, des broderies, des couleurs  et des compositions très différentes.


Les femmes en portent aussi.





 
L’exposition présente aussi des accessoires pour les montures.
Une selle en bois peinte à la main,


Un harnachement de cheval brodé d’argent,


Un ornement de crinière (cuir, turquoises, argent)

 
De magnifiques ikats de soie, tissus dont les motifs sont obtenus par la teinture partielle des fils avant le tissage. 



Un léger décalage peut se produire, provoquant sur le motif un passage flou entre les différentes couleurs, caractéristique de ce genre de tissu. Le processus complexe, a voyagé dans l'espace et le temps sur tous les continents, sans qu'on sache toujours précisément quelles voies il a empruntées d'un territoire à l'autre.
 
Les suzanis (grandes pièces de tissus brodées), de Samarcande, Boukhara, Shakhrisabz









 Des tapis,






Des bijoux de la culture nomade, dont ce diadème de la province du Khorezm, fin 19e siècle.


ainsi qu’une vingtaine de peintures d’avant-garde orientalistes. 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire