En novembre 2011, nous nous étions envolés pour le Pérou.
10 jours de pérégrinations c’est bien peu mais c’est
suffisant pour en garder le souvenir ébloui de vestiges spectaculaires, de
paysages à couper le souffle bien plus radicalement encore que les effets de l’altitude,
d’une faune et d’une flore étonnantes, d’une population attachante, de
couleurs, de musiques, de saveurs…
Rien de surprenant donc à ce que le thème de l’exposition
temporaire du musée du quai Branly ait aiguisé ma curiosité lors de mon séjour
parisien. D’autant plus qu’il se propose de mettre à l’honneur des civilisations méconnues qui
n’ont été que très peu évoquées au cours de notre voyage, l’empreinte de
l’empire des Incas ayant occulté les sociétés andines qui ont précédé son avènement. Et puis notre périple touristique (Arequipa, Chivay, Puno, Cuzco,
Ollantaytambo, Aguas Calientes, Lima) n’incluait aucune étape au nord de la
capitale et donc aucun des sites évoqués dans l'exposition.
On connait bien le phénomène en Turquie. Les vestiges
gréco-romains font trop souvent oublier que des civilisations anatoliennes
existaient avant leur arrivée… Pas le temps d'expliquer ça aux primo-visiteurs. Ils en ont déjà bien assez à découvrir!
Mais ce n’est pas le sujet du jour et pour revenir aux trésors
du patrimoine culturel péruvien, laissons-nous transporter sur la côte nord du
Pérou, au cœur des sociétés Cupisnique (1000-400 av. JC), Mochica (début du 1er
siècle-800), Lambayeque (800-1100) et Chimú (1100-1500).
Malgré l’absence d’écriture, les 300 artefacts présentés
en disent long sur le haut niveau artistique et technologique de ces civilisations,
sur leur organisation en états et l’administration de leurs cités, sur la
répartition des pouvoirs entre dieux, rois, seigneurs, guerriers, prêtres et
prêtresses, l’élaboration de codes socioculturels et de croyances.
Un art de la céramique modelée remarquable témoigne de la
relation de ces sociétés avec leur environnement. La nature, les animaux, les
divinités, les personnages de haut rang, rien ne semble avoir échappé à cet
inventaire de terre cuite étonnamment bien conservé.
A qui est adressé le clin d’œil malicieux de ce prêtre
Mochica ? Aux archéologues qui l’ont sorti de l’oubli, lui et son peuple ?
D’autres artisans habiles ont façonné des métaux précieux
pour la création de parures, emblèmes de pouvoir ou ornements personnels, masques
et accessoires funéraires.
On y apprend que les femmes n’étaient pas écartées du système
politique et qu’elles ont eu accès à de hautes fonctions, telle la dame de Cao…
Cette exposition a le mérite de mettre en lumière les résultats
des fouilles et études menées depuis une trentaine d’années, attestant l’existence
de sociétés andines complexes qui ont sans nul doute préparé un terrain favorable
à la toute puissance de leurs successeurs, les Incas.
Avant de quitter les lieux on s’attarde un peu dans le
jardin du musée et son décor féerique… Sas de décompression bienvenu pour ce
retour de voyage dans l’espace et le temps.
Le Pérou avant les Incas - Jusqu'au 1er avril 2018
Musée du quai Branly Jacques Chirac, 37 quai Branly - Paris 75007
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire