La visite de Troie terminée nous reprenons la E 87
en direction d’Assos - Behramkale, environ 60km plus au sud. (On peut y aller
par une petite route côtière, mais c’est plus long, on l’empruntera au
retour…). En cette fin d’après midi, on est un peu impatient de faire une pause
détente dans les eaux transparentes de la mer Egée qui se prolongera par une soirée
sur les lieux du port antique, à l’hôtel Kervansaray.
La descente est
périlleuse mais en vaut la peine. L’endroit est essentiellement constitué
aujourd’hui de pensions et d’hôtels installés dans les anciens entrepôts
ottomans de granit, très prisé des estivants turcs pour son calme. Une promenade
sur la jetée, en soirée ou au petit matin, donne un aperçu du quai où accostent
voiliers et barques de pêcheurs et de la modeste enfilade de bâtisses.
Après un petit déjeuner au bord de l'eau, nous grimpons vers l’acropole d’Assos. On dépasse le théâtre d’époque romaine à
flanc de rocher qui a succédé à une construction hellénistique antérieure. Depuis
sa restauration dans les années 80, il peut accueillir 1500 personnes pour
diverses représentations culturelles. On peut imaginer le spectacle avec pour
décor les flots turquoise ! Un peu plus haut, derrière les vestiges d’impressionnants
remparts, le gymnase, l’agora, le bouleutérion, des bains ne sont
(provisoirement ?) pas accessibles à la visite, pas plus que la nécropole.
L’entrée du site est plus loin. Pour la trouver il faut d’abord arpenter les
ruelles pavées du village actuel, Behramkale, bordées d’échoppes dévoilant
encore à peine bibelots et broderies bariolées. Trop tôt pour tenter de séduire
le passant. Je me souviens des productions artisanales locales plus attrayantes
d’il y a quelques années…
Au sommet, les
vestiges du temple d’Athéna construit vers 540 av. JC attendent qu’on les
admire dans leur splendide cadre naturel face à l’île de Lesbos toute proche
d’où sont venus des colons grecs au 8e siècle av. JC.
En contre-bas, la vue sur le petit port donne le vertige.
Quelques
colonnes doriques de l’époque archaïque suffisent à rendre le site majestueux.
Pour du concret,
il y a une maquette et un panneau explicatif.
Des éléments des
frises et métopes sculptés de scènes mythologiques et de combats d’animaux sont
éparpillés dans les musées de Çanakkale, d’Istanbul, du Louvre et surtout au
musée de Boston. Les premières fouilles ont été menées par J.T. Clarke et F.H
Bacon de 1881 à 1883.
Cent ans plus
tard le Pr. Dr. Ümit Serdaroğlu les a reprises jusqu’en 2005, succédé par le
Pr. Dr Nurettin Aslan.
Vers le 4e
siècle av. JC la cité provinciale fut un important centre d’activités
intellectuelles. Aristote (-384, -322) y séjourna 3 ans. Cléanthe (-330, -232),
un philosophe du courant stoïcien, naquit en ces lieux.
Assos fut
intégré à l'Empire romain en 133 av. JC.
Les pierres du
sanctuaire ruiné ont été réemployées pour la construction de tours défensives,
de citernes et de silos à grains à la fin de l’époque byzantine et aussi plus
tard.
Sur le
promontoire rocheux la petite mosquée que le sultan ottoman Murat 1er fit construire au 14e siècle (à moitié cachée par la tour carrée) est toujours debout.
En repassant
dans le village on s’arrête pour boire un thé et profiter de la sereine atmosphère
des lieux occupés probablement au moins depuis l’âge de Bronze.
Des regards émerveillés
se portaient-ils déjà sur ce paysage ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire