Dans la petite rue Aux Cordiers, je me souviens de l’excellence d’un repas partagé dans l’arrière boutique sombre et poussiéreuse d’un pianiste aveugle, vendeur et accordeur de piano, époux de la sœur de mon grand père paternel.
Un sourire figé dans un visage sans ride et lumineux accompagnait cet homme aux cheveux blancs, de belle allure, habillé avec une grande élégance, calme et serein. Il avait fait de la musique son univers depuis qu’à l’âge de sept ans ses yeux bleus n’avaient plus discerné la moindre clarté. On lui avait choisi pour compagne une frêle jeune fille à l’esprit vif, un peu étourdie et ronchonne mais dévouée corps et âme à son artiste de mari. Ils avaient beaucoup voyagé ensemble et elle avait été sa canne blanche quand il donnait des concerts… jusqu’en Chine parait-il !
Elle avait sans doute très vite renoncé à toute coquetterie… A quoi bon puisqu’il ne la voyait pas. Elle n’avait pas pris la peine non plus de décorer agréablement ce logis sombre… et les cadeaux de mariage, les souvenirs de voyage, étaient restés dans les cartons qui s’empilaient dans le grenier.
Elle en sortait quelques trésors à l’occasion. Porcelaine fine, verres en cristal et argenterie, le couvert était dressé ce jour là comme pour un repas de cérémonie et j’en restais éblouie… Elle s’agitait sans cesse autour de cette table, dans une robe d’une couleur indéfinissable et cachée en partie par un tablier de cotonnade Liberty où les petites fleurs mauves se noyaient dans la grisaille… Un tablier du dimanche sans doute… Ménagère distraite mais fin cordon bleu, elle avait fini par apporter cette merveille, un vol au vent à la croûte dorée et légère débordant d’une sauce financière exquise avec champignons, jambon, quenelles et olives vertes. Vol au vent… nom évocateur de prometteurs délices ! Et le fumet avait épanoui le sourire de l’homme comme quelques heures plus tard, quand ses doigts se mettraient à courir sur les touches de son piano préféré…
Un sourire figé dans un visage sans ride et lumineux accompagnait cet homme aux cheveux blancs, de belle allure, habillé avec une grande élégance, calme et serein. Il avait fait de la musique son univers depuis qu’à l’âge de sept ans ses yeux bleus n’avaient plus discerné la moindre clarté. On lui avait choisi pour compagne une frêle jeune fille à l’esprit vif, un peu étourdie et ronchonne mais dévouée corps et âme à son artiste de mari. Ils avaient beaucoup voyagé ensemble et elle avait été sa canne blanche quand il donnait des concerts… jusqu’en Chine parait-il !
Elle avait sans doute très vite renoncé à toute coquetterie… A quoi bon puisqu’il ne la voyait pas. Elle n’avait pas pris la peine non plus de décorer agréablement ce logis sombre… et les cadeaux de mariage, les souvenirs de voyage, étaient restés dans les cartons qui s’empilaient dans le grenier.
Elle en sortait quelques trésors à l’occasion. Porcelaine fine, verres en cristal et argenterie, le couvert était dressé ce jour là comme pour un repas de cérémonie et j’en restais éblouie… Elle s’agitait sans cesse autour de cette table, dans une robe d’une couleur indéfinissable et cachée en partie par un tablier de cotonnade Liberty où les petites fleurs mauves se noyaient dans la grisaille… Un tablier du dimanche sans doute… Ménagère distraite mais fin cordon bleu, elle avait fini par apporter cette merveille, un vol au vent à la croûte dorée et légère débordant d’une sauce financière exquise avec champignons, jambon, quenelles et olives vertes. Vol au vent… nom évocateur de prometteurs délices ! Et le fumet avait épanoui le sourire de l’homme comme quelques heures plus tard, quand ses doigts se mettraient à courir sur les touches de son piano préféré…
J’ai gardé de cette visite un cadeau de l’oncle Bouilleur : un harmonica, (Alpina - koch- made in Germany) mais dans mon souvenir, le vol au vent est pour toujours lié à quelques vibrations harmonieuses de cordes, dans la pénombre d’un magasin que personne ne songeait à éclairer.
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Nous sommes repartis, mes parents devant et moi derrière entre mes grands parents dans la Peugeot 203 noire d’occasion, récemment acquise par mon père. Sa première voiture !
Elle a une belle histoire cette harmonica !
RépondreSupprimerJOYEUX ANNIVERSAIRE ma tite maman adorée !
Gros bisous de nous deux pour plein de bonheur et de sérénité !
C'est un beau cadeau ce petit commentaire! Merci à vous deux avec plein de bisous.
RépondreSupprimerUne belle histoire qui m'a fait voyager dans le temps. Sais tu jouer de cet instrument ?
RépondreSupprimerEncore bon anniversaire en retard !!!
Merci... C'est l'intention qui compte!
RépondreSupprimerNon je ne sais pas jouer de l’harmonica… Mes quelques tentatives n’ont abouti qu’à écorcher les oreilles de mes parents. J’ai donc dû rapidement abandonner cette vocation naissante !
Le jour venu j’ai légué cet instrument à mes enfants qui ont soufflé avec conviction, eux aussi, avant d’être découragés par le manque d’enthousiasme que provoquait leur indubitable talent à produire de puissantes cacophonies.