samedi 24 février 2018

Architecture rurale ottomane à Cumalıkızık, près de Bursa


Le village de Cumalıkızık figure depuis 2014 sur la liste du patrimoine mondial l’Unesco en tant qu’un des éléments illustrant la naissance de l’empire ottoman au début du 14e siècle, autour de sa première capitale Bursa (de 1326 à 1366).



Il révèle la volonté des premiers sultans de la dynastie de planifier un système économique et social visant à un développement urbain rapide, en y associant les zones rurales comme bien d’utilité publique (vakıf). Certains villages devaient contribuer au financement du fonctionnement d’un külliye, ensemble architectural urbain aux fonctions sociales, culturelles, commerciales, religieuses et éducatives. Cumalıkızık était ainsi associé au complexe d’Orhan Ghazi, le premier construit à Bursa, dont il ne reste maintenant que la mosquée, l’auberge des marchands, Emir han (reconverti en marché), un hammam (reconverti également en marché, Aynalı çarşı) et le mausolée du sultan. La medrese (école) et l’imaret (cuisine publique) ont disparues. 
Situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Bursa, au pied de la montagne, Cumalıkızık, n’était pas le seul village inclus dans ce système, mais il présente aujourd’hui encore une structure architecturale bien conservée. Pas moins de 280 maisons dont plus de la moitié sont encore habitées.


Nous avons donc arpenté les ruelles pavées avec rigole centrale pour l'écoulement des eaux, posé les yeux sur ces façades séculaires souvent bien colorées d’indigo, safran ou turquoise.





D’autres, plus ou moins décrépies laissent voir les éléments de construction, charpente et pisé, surmontant les soubassements de pierres. 


Certaines fenêtres ont retrouvé leur moucharabieh en usage à l’époque.


En bonne place la coopérative de développement agricole témoigne de la vocation initiale du village.



On était prévenu qu’il fallait éviter les fins de semaine et les périodes de congés pour ne pas se retrouver dans la cohue touristique. Alors ce jeudi de février aurait dû convenir pour apprécier l’escapade dans un espace sans circulation! (Parking en dehors du village) 
Mais l’enthousiasme ne fut pas au rendez-vous. Atmosphère trop dénaturée, trop surfaite, trop racoleuse, il manque ici la sérénité ressentie dans d’autres villages, certes moins renommés, comme Yörük Köyu (près de Safranbolu), Ormana (à proximité d’Antalya), ou Kargı (près de Fethiye)… et sans doute bien d’autres.
Victime de son accessibilité (15mn de Bursa, 2h d’Istanbul), se raccrochant au passé comme fond de commerce, Cumalıkızık donne l’impression que ses habitants ne s’activent que dans cette seule perspective. On ne perçoit pas leur plaisir de vivre dans ce village préservé, ni aucune fierté, mais une vague lassitude.
La popularité des lieux ne semble pas avoir comblé leurs espoirs. Il faut dire que la concurrence est rude. La plupart des maisons proposent uniformément petits déjeuners campagnards et gözleme (sorte de crêpes). 



Les échoppes de souvenirs et diverses productions locales sont nombreuses. Mais la quantité semble bien prendre le pas sur la qualité. 



Je me suis quand même laissée tenter par une fabrication artisanale de tarhana aux orties. On verra si cette préparation déshydratée à base de yaourt, dont on fait une soupe en rajoutant de l’eau, tient les promesses de la villageoise qui prétend l’avoir confectionnée.
L’habitat est très concentré et ne nécessite donc pas une longue marche. 


Pour se dégourdir les jambes et profiter plus longtemps du bon air de la montagne toute proche on a pris un peu de hauteur en suivant le chemin à la sortie du village. Sur les talus quelques violettes, une audacieuse floraison jaune annoncent le printemps. Un gentil matou en ferme les yeux de plaisir.



Le gargouillis d’un torrent a chatouillé nos oreilles et aiguisé notre curiosité. Le découvrir environné d’une décharge et lui-même bien encombré de déchets en plastique fut la déception de trop sans doute… Le navrant spectacle se passe d’illustration. 
Vous l’aurez compris, je n'ai pas trouvé cette visite inintéressante, mais pas vraiment incontournable.


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