En pleine nature, loin des foules, voici une escapade qui
peut aider à évacuer en partie le stress que nous impose l’actualité.
Il y a un peu plus d’un mois, nous étions à Ormana. Un
impérieux besoin de changer d’air nous avait lancé sur la route en direction de
la province d’Antalya au Sud de la Turquie. Mais cette fois ni les plages, ni les
sites archéologiques (Aspendos, Perge, Termessos, Olympos, Phaselis…) n’étaient
au programme.
Nous avons fait halte dans un village blotti quelque part
sur les pentes occidentales de la chaîne du Taurus, au sud de Beyşehir, et près
de la ville d’Akseki, dont on nous avait vanté l’exceptionnelle beauté tant de
son cadre naturel que de la curieuse architecture de ses maisons.
La route est longue depuis Istanbul, environ 750km, mais
en partant tôt le matin, on peut y arriver dans l’après midi, en s’offrant même
le luxe de faire plusieurs pauses, dont celle-ci en passant dans la région de
Afyonkarahisar et combler ainsi une lacune photographique.
Que l'on arrive par le nord depuis Beyşehir, ou par le sud
depuis Antalya, la petite route qui serpente dans la montagne offre son lot de
spectaculaires paysages.
Et puis on arrive dans le village d’Ormana dont les
habitants se sont employés depuis des
années à faire reconnaître son originalité, en entretenant autant que possible dans le respect de l’architecture traditionnelle, les nombreuses maisons à boutons s’alignant le long des ruelles.
Aujourd’hui les villageois sont fiers quand on compare
avec celui de Safranbolu ce précieux héritage
culturel. Près de 150 sont encore debout et une cinquantaine restaurées. Le
village a bien sûr connu un important exode rural mais ses natifs ne l’ont pas
complètement déserté. Certains reviennent occasionnellement, d’autres plus
durablement pour participer à sa résurrection en employant la main d’œuvre
locale tant pour la restauration des maisons que pour y développer des
activités touristiques respectueuses de l’environnement. Ormana Active, initiative de la famille Özgüven, en est
l’illustration avec ses bâtisses restaurées (Berberoğlu Evi, Doğan Konağı,
Aktepe Evi), offrant le gîte, le couvert et, sans supplément, un accueil
chaleureux, sans compter l’énergie déployée à communiquer une passion.
Cela
passe de l’assiette bien garnie de produits frais locaux, à la chambre fleurant
bon les boiseries de cèdre, à l’accompagnement pour les promenades dans le
village ou excursions aux alentours.
Jane, que je connais depuis longtemps, nous fait
découvrir les particularités des maisons à boutons. L’aspect caractéristique des
façades a imposé cette appellation car dans l’empilage de pierres affleure, ou
parfois dépasse largement, l’extrémité des poutres composant le squelette des
constructions.
Certaines pierres , visiblement récupérées aux alentours, attestent d'un passé antique quand Ormana s'appelait Erymna...
Des vestiges effondrés témoignent de la technique
d’assemblage des matériaux sans aucune utilisation de mortier et de l’épaisseur d'environ 80 cm des murs ainsi réalisés par remplissage.
On remarque les pans coupés en bas des angles des façades
pour faciliter le passage des chariots et animaux.
Le rez-de-chaussée
faisait autrefois office d’étable et contribuait au chauffage naturel des
pièces à l’étage où vivaient plusieurs générations d’une même famille.
Apparemment pas de séparation entre hommes et femmes (haremlik-selamlık) comme on peut voir dans les maisons musées de Safranbolu
ou de Bursa.
L’une d’elle fait office de Maison de la Culture et accessoirement
d’hébergement touristique en cas de relative affluence. Si ses murs ont perdu en grande partie leurs boutons, l’intérieur recèle cependant d’authentiques boiseries et d’astucieux
aménagements d’époque.
On peut même y voir des éléments utilisés par les
pompiers datant de la période ottomane. Inutile de préciser que dans cet
environnement forestier et de par les éléments architecturaux des habitations, il était
essentiel que les incendies éventuels fussent très rapidement maîtrisés !
Un peu plus loin, il ne manque aucun outil dans l'atelier du forgeron. Même le gros soufflet est en état de fonctionnement.
Il est temps d’aller goûter aux spécialités cuites dans
le grand four à bois de la
Berberoğlu Evi, qui a gardé le nom de son ancien
propriétaire.
Ensuite nous serons les hôtes de la chambre 318 dans la
maison Doğan reconvertie en boutik otel,
pour une bonne nuit au calme… interrompue quand même par le tambour du ramadan,
puis l’appel du muezzin et le chant du coq au lever du soleil… Mais de toute
façon, la grasse matinée n’était pas au programme. Attention aussi en passant la porte. Les dimensions sont d'origine et les hauts gabarits devront un peu courber l'échine sous peine de se décorer le front d'une belle bosse.
Il nous restait encore à
découvrir les alentours. A lire dans un prochain article...
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