En quittant la péninsule de Bodrum aux premières heures
du jour, notre intention était de faire une pause petit-déjeuner près du site
de Didymes et d’y faire une visite. Sur place une heure et demie plus tard, les
petits cafés restaurants alentours n’étaient pas prêts à accueillir les
éventuels clients, rares en cette saison, et les grilles du site encore
fermées.
La route étant encore longue
jusqu'à Istanbul, la pause s’est limitée à quelques photos en restant à la périphérie
du sanctuaire, comme à l’époque où seule la prêtrise apollonienne y avait accès.
Aucune Pythie n’était
cependant sur place depuis longtemps pour transmettre à Apollon la question du
consultant, ni aucun prêtre pour délivrer en clair la réponse. Interroger
l’oracle afin de s’enquérir de l’opportunité d’entreprendre l’exécution d’un
projet et de ses chances de réussite n’était d’ailleurs pas au programme !
L’avenir est en pointillé et nous verrons bien assez tôt ce qu’il nous réserve.
Profitons de l’instant
présent, et laissons nous subjuguer par une lumière matinale caressant les
vestiges suggestifs de ce temple aux dimensions colossales, dont la construction, jamais vraiment
finie, débutât au 4e siècle av. JC, probablement avec les mêmes
architectes, Paionios d’Ephèse et Daphnis de Milet, que celui d’Artémis à Ephèse,
l’une des Sept Merveilles du Monde dont il ne reste pratiquement rien.
Sanctuaires jumeaux pour les
dieux jumeaux de l’Olympe.
Les diverses études et fouilles
archéologiques menées par des Français, des Anglais et des Allemands depuis
1904, ont révélé qu’une première construction fut réalisée vers le 8e
siècle av. JC, autour d’une source et d’un laurier sacré. Un autre édifice plus
imposant la remplaça au 6e siècle av. JC, et reçu, entre autres, la
visite d’un célèbre consultant nommé Crésus. Puis il fut dévasté par les
Perses, un siècle plus tard, au moment de la révolte des cités ioniennes. La dynastie
sacerdotale des Branchides y officiait et son fondateur Branchos y dirigeait un
culte préexistant à la colonisation ionienne, mais les textes mythologiques mentionnent
qu’il aurait reçu d’Apollon lui-même le don de voyance dans son sanctuaire oraculaire
de Delphes, dont celui de Didymes devint le rival.
Tous les guides touristiques évoquent
un ornement remarquable du temple, la sculpture de la tête de Méduse, l’une des
trois mythiques Gorgones que Persée décapita pour venger Athéna de l’affront
commis dans son temple par Poséidon et Méduse.
Mais sur le site deux bas-reliefs
sont exposés pouvant y prétendre.
Sur internet les photos sont innombrables,
seulement le mystère demeure puisqu’on y trouve les deux représentations avec
pour unique légende : tête de Méduse. Mon vieux guide bleu (édition 1974) qui
pourtant reste une référence, ne m’a pas d’avantage fourni de réponse en l’absence
de toute illustration photographique.
Les deux têtes, bien que très différentes
portent les signes distinctifs de la
chevelure en serpents et les ailes ainsi qu’un regard terrifiant censé pétrifier
les ennemis. Le masque de la Gorgone Méduse étant le gage d’une protection
contre les mauvais esprits pourquoi ne pas en multiplier les versions ?
Nous devons quitter les lieux pour reprendre la route… dommage j’aurais préféré emprunter ce chemin là … Ou suivre un peu la voie sacrée qui reliait le sanctuaire à la cité antique dont il dépendait, Milet, puis partir en arpenter les vestiges, 17 km plus au nord...
Dans la région de Söke, la récolte
du coton a commencé. C’est un véritable ballet de tracteurs aux remorques chargées
de la fibre végétale la plus utilisée au monde.
Mais le travail n’est pas
terminé, il en reste encore dans les champs.
Et puis c’est le temps des
melons Kırkağaç, les plus fameux dans la province de Manisa… Impossible de les
rater, il y en a des montagnes sur des kilomètres au bord de la route…
Par contre en illustration il
n’y aura que cette photo, car sur place, il pleuvait des cordes.