samedi 8 décembre 2018

Jean-Michel Basquiat à Paris



Jouer le rôle de mécène par le biais d’une fondation présente le double avantage de créer une fastueuse vitrine et quelques optimisations fiscales. Personne n’est dupe. Cette générosité a de fort relent de stratégie marketing…
Collectionneurs actifs, les hommes d’affaires savent depuis longtemps que la possession d’œuvres d’art est un moyen privilégié d’affirmer leur influence. Présenter des collections, organiser des expositions temporaires dans des lieux attractifs aussi. 
A Istanbul, les musées privés ne manquent pas. La famille Koç a joué un rôle précurseur dans le domaine de la préservation du patrimoine: musée Sadberk hanım (1988, épouse de Vehbi Koç), musée des transports, de l'industrie et des communications (1994, fils de Vehbi Koç), musée de Pera (2005, fille de Vehbi Koç). Une autre lui a emboîté le pas plus modestement avec le musée Rezan Has (2007, épouse de Kadir Has). 
Le musée Sakıp Sabanci (2002), outre la présentation de collections permanentes, a cumulé de grandes expositions temporaires (Picasso, Rodin, Dali, Beuys, Abidin Dino, Monet, Miro...).  
En 1973, Nejat Eczacıbaşı a créé la fondation pour la Culture et les Arts d'Istanbul, IKSV qui s'engage dans l'organisation de festivals de grandes envergures devenus des événements culturels incontournables sur la scène internationale dans les domaines du cinéma, de la musique et de l'art dont la Biennale d'Istanbul, dédiée à l'art contemporain. Dans la foulée, Istanbul Modern a ouvert ses portes en 2004. 
Quelles qu'en soient les motivations, ces grandes fortunes ont bien sur contribué grandement à transformer l'image d'Istanbul pour la faire exister aussi dans le paysage contemporain, pour diversifier une vision tournée exclusivement vers le patrimoine historique de passés lointains et révolus. Nul doute qu'elles ont accompli une mission que les services publics ne pouvaient pas ou ne voulaient pas assurer.  

A Paris, les initiatives privées semblent plus ostentatoires.
Tandis que la fondation Pinault fignole son installation dans le magnifique écrin de la Bourse du Commerce dans le quartier des Halles, orchestrée sous la baguette magique de l’architecte japonais Tadao Ando, la Fondation Louis Vuitton avec le président du groupe LVMH, Bernard Arnault, a fait construire un ambitieux bâtiment d’acier, de béton, de bois et de verre par Frank Gehry (architecte du musée Guggenheim de Bilbao), à l’orée du Bois de Boulogne, dans le Jardin d’Acclimatation, inauguré en octobre 2014. Il a des allures de navire voguant toutes voiles dehors sur son bassin où l’eau s’écoule en cascade.







Pour découvrir des facettes de l’art contemporain, il faut parfois chercher ailleurs qu’au Centre Pompidou, faire une entorse à ses principes, surmonter des réticences. Depuis octobre 2018 et jusqu’au 21 janvier 2019, 120 œuvres de Jean-Michel Basquiat (1960/1988) y sont exposées. Paradoxe? Pas vraiment, car le parcours de JMB est la démonstration d'une formidable réussite d'un enfant nourrit très tôt d'une culture artistique. La révolte et son expression populaire avec des graffitis urbains viendront après. La reconnaissance par les institutions, la critique et le marché de l'art suivront.







30 ans ont passé depuis la brutale disparition de l’artiste et les ventes aux enchères de ses toiles atteignent les sommets (le record : un collectionneur japonais a déboursé 110,5  millions de dollars pour acquérir en 2017 l’une d’elles qui s’était vendue à 19000 dollars 35 ans plus tôt).




Peintre américain new-yorkais, d'origine haïtienne par son père, portoricaine par sa mère, Basquiat a laissé une œuvre de plus de huit cents tableaux et mille cinq cents dessins réalisée en huit ans dans un style caractérisé par les symboles et l’imagerie anatomique. 




L’enfant radieux comme on le surnommait, a relevé le défi qu’il s’était fixé, son ascension fulgurante le propulsa au rang des artistes mondialement reconnus, tout en causant aussi sa perte.


L’art contemporain me laisse souvent dubitative mais il provoque aussi parfois des émotions.
L’entrée coûte tout de même 16 euros, et payante aussi pour les enfants à partir de trois ans, 5 euros jusqu'à 18 ans et 10 euros jusqu'à 26 ans…
La culture est un luxe pas si accessible qu’on voudrait nous le faire croire.

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