lundi 5 novembre 2018

Arsameia sur Nymphaios et tumulus de Karakuş


Dans le parc national du Nemrut Dağ se trouvent d’autres vestiges du royaume de la Commagène, déjà vus en 2002 et qui ont conservé la quiétude de cette première visite.


A proximité du village Kocahisar (Eski Kahta) l’archéologue allemand Karl Dörner identifie en 1951 Arsameia sur Nymphaios, capitale estivale des souverains de Commagène, grâce aux inscriptions trouvées sur l’une des deux collines qui abritaient la cité construite de chaque côté de la rivière Nymphaios (dénommée Kahta aujourd’hui). Les fouilles ont permis de retrouver principalement des orthostates en plus ou moins bon état de conservation, dalles de pierre dressées, ornées de bas-reliefs sculptés sur une face et de textes gravés sur l’autre.
Le premier rencontré en suivant le sentier (vestige probable d’un chemin de procession), représente le dieu soleil perse Mithra dans une scène de dexiosis, poignée de main symbolique entre deux personnages sacrés. 


Rien n’a permis d’affirmer si l’autre personnage, trop fragmentaire, était Antiochos ou son père. L’accès côté face étant périlleux, mieux vaut se contenter d’admirer le superbe paysage sur la vallée... Malheureusement encore brumeux!


Plus haut, la paroi rocheuse est creusée d’une vaste niche, prolongée d’un tunnel, qui pourrait avoir abrité un temple dédié au culte de Mithra, selon Dörner.


En contre bas, deux stèles représentent Antiochos 1er et son père Mithridates 1er Kallinikos. 



Au dos du relief de Mithridates, le plus abimé, le texte cultuel le concernant est par contre bien lisible. Celui concernant Antiochos est difficilement déchiffrable.



Il faut encore grimper un peu pour admirer le bas-relief le mieux conservé du site, représentant l’intégralité de la poignée de main échangée entre Antiochos et le héros mythique Héraclès. 


Les détails vestimentaires sont parfaitement visibles. Le roi porte un costume de cérémonie typiquement perse tandis que le héros est dénudé selon le style grec de sa représentation.


Juste en dessous, un texte en grec, le plus long trouvé dans cette partie de l’Anatolie, est gravé au dessus de l’entrée d’un tunnel. 



Il relate avec précision la fondation d'Arsameia, sa topographie, les transformations et restaurations entreprises par Antiochos pour faire du lieu un sanctuaire à la mémoire de son père et d’y installer son tombeau. S’y trouvent aussi des instructions pour la bonne exécution des rituels religieux.


Tout en haut de la colline, l’Acropole a révélé des fragments de sculptures représentant le roi Antiochos 1er et sa mère Laodice qui ont permis à Dörner d’émettre l’hypothèse de l’existence du mausolée du roi Mithridate à cet endroit où se trouvait aussi probablement sa résidence royale, au temps de son règne.

La faim se fait sentir ! Nous aurions été bien inspirés de nous munir de nos provisions de peksimet d’Adıyaman, car le petit déjeuné n’est pas encre au programme…

Avant d’arriver au Tumulus de Karakuş, une halte est prévue pour traverser à pied le pont romain de Septime Sévère, franchissant le Cendere (antique rivière Cabinas, affluent du Nymphaios). 



Il est en parfait état et porte des inscriptions en latin qui indiquent qu'il fut construit entre 198 et 200 par la XVIe légion romaine stationnée à Samosate, à la place d'un autre pont construit sous le règne de Vespasien (69-79).
Pour le moment il est bien gardé !


En amont du pont, la rivière a creusé un impressionnant canyon en arc sur la paroi duquel on peut apercevoir une sorte de caverne. Un abri troglodyte ?


Monticule artificiel de 35 mètres de haut, situé au sommet d'une colline naturelle, plus modeste que celui d’Antiochos au sommet du mont Nemrut, le tumulus de Karakuş est aussi un sanctuaire funéraire. Il abritait les tombeaux des reines du royaume de la Commagène. Mais à part 3 colonnes, rien ne subsiste des pillages et destructions des légions romaines. Des blocs de pierre du sanctuaire ont été utilisés pour la construction du pont Cendere.




Nous reprenons la route en direction d’Adıyaman, pour retrouver nos bagages, notre car et surtout un brunch qui s’est fait désirer…


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