mardi 25 octobre 2016

Le sanctuaire oraculaire de Didymes

En quittant la péninsule de Bodrum aux premières heures du jour, notre intention était de faire une pause petit-déjeuner près du site de Didymes et d’y faire une visite. Sur place une heure et demie plus tard, les petits cafés restaurants alentours n’étaient pas prêts à accueillir les éventuels clients, rares en cette saison, et les grilles du site encore fermées.
La route étant encore longue jusqu'à Istanbul, la pause s’est limitée à quelques photos en restant à la périphérie du sanctuaire, comme à l’époque  seule la prêtrise apollonienne y avait accès.


Aucune Pythie n’était cependant sur place depuis longtemps pour transmettre à Apollon la question du consultant, ni aucun prêtre pour délivrer en clair la réponse. Interroger l’oracle afin de s’enquérir de l’opportunité d’entreprendre l’exécution d’un projet et de ses chances de réussite n’était d’ailleurs pas au programme ! L’avenir est en pointillé et nous verrons bien assez tôt ce qu’il nous réserve.
Profitons de l’instant présent, et laissons nous subjuguer par une lumière matinale caressant les vestiges suggestifs de ce temple aux dimensions colossales, dont la construction, jamais vraiment finie, débutât au 4e siècle av. JC, probablement avec les mêmes architectes, Paionios d’Ephèse et Daphnis de Milet, que celui d’Artémis à Ephèse, l’une des Sept Merveilles du Monde dont il ne reste pratiquement rien.



Sanctuaires jumeaux pour les dieux jumeaux de l’Olympe.


Les diverses études et fouilles archéologiques menées par des Français, des Anglais et des Allemands depuis 1904, ont révélé qu’une première construction fut réalisée vers le 8e siècle av. JC, autour d’une source et d’un laurier sacré. Un autre édifice plus imposant la remplaça au 6e siècle av. JC, et reçu, entre autres, la visite d’un célèbre consultant nommé Crésus. Puis il fut dévasté par les Perses, un siècle plus tard, au moment de la révolte des cités ioniennes. La dynastie sacerdotale des Branchides y officiait et son fondateur Branchos y dirigeait un culte préexistant à la colonisation ionienne, mais les textes mythologiques mentionnent qu’il aurait reçu d’Apollon lui-même le don de voyance dans son sanctuaire oraculaire de Delphes, dont celui de Didymes devint le rival.

Tous les guides touristiques évoquent un ornement remarquable du temple, la sculpture de la tête de Méduse, l’une des trois mythiques Gorgones que Persée décapita pour venger Athéna de l’affront commis dans son temple par Poséidon et Méduse.
Mais sur le site deux bas-reliefs sont exposés pouvant y prétendre. 


Sur internet les photos sont innombrables, seulement le mystère demeure puisqu’on y trouve les deux représentations avec pour unique légende : tête de Méduse. Mon vieux guide bleu (édition 1974) qui pourtant reste une référence, ne m’a pas d’avantage fourni de réponse en l’absence de toute illustration photographique.

Les deux têtes, bien que très différentes portent les signes distinctifs de la chevelure en serpents et les ailes ainsi qu’un regard terrifiant censé pétrifier les ennemis. Le masque de la Gorgone Méduse étant le gage d’une protection contre les mauvais esprits pourquoi ne pas en multiplier les versions ?



Nous devons quitter les lieux pour reprendre la route… dommage j’aurais préféré emprunter ce chemin là … Ou suivre un peu la voie sacrée qui reliait le sanctuaire à la cité antique dont il dépendait, Milet, puis partir en arpenter les vestiges, 17 km plus au nord...


Dans la région de Söke, la récolte du coton a commencé. C’est un véritable ballet de tracteurs aux remorques chargées de la fibre végétale la plus utilisée au monde.


Mais le travail n’est pas terminé, il en reste encore dans les champs.



Et puis c’est le temps des melons Kırkağaç, les plus fameux dans la province de Manisa… Impossible de les rater, il y en a des montagnes sur des kilomètres au bord de la route…
Par contre en illustration il n’y aura que cette photo, car sur place, il pleuvait des cordes.



samedi 15 octobre 2016

Péninsule de Bodrum en octobre

Petit hôtel sans prétention en bord de plage, eaux translucides et ciel bleu, chaises longues et parasols pour la plupart inoccupés, voici planté le décor de quelques jours de détente à Yahşi, village de la côte sud de la péninsule de Bodrum.




Quelques constructions typiques, blanchies à la chaux, à l’entrée du village.


En soirée, dégustations de poissons aux terrasses de restaurants dans d’autres villages au bord de l’eau, Karafaki à Gümüşlük, Ali Baba à Yalıkavak et aussi à Bodrum pour la vue sur le château Saint Pierre au clair de lune.


Edifiée pour les Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem au 15e siècle, cette place fortifiée comporte cinq tours de styles différents représentant les nations intervenues dans sa construction, France, Angleterre, Italie, Espagne et Allemagne. De nombreux blasons gravés sur les murs témoignent de l’origine des Chevaliers.



Une grande partie des matériaux, pierres et marbres, proviennent des ruines du célèbre mausolée du roi Mausole. Des bas-reliefs et sculptures ont aussi servi de décor. Tel ce lion couché antique (surmonté du blason d'Henri IV d'Angleterre).


Ou cet autel provenant peut être du théâtre d’Halicarnasse, contemporain du mausolée, et ressemblant à un autre photographié sur les vestiges du théâtre de Metropolis.


Ou bien encore cette inscription "ITALIA" sur un support de récupération.


Le prince ottoman Cem, fils de Mehmet II et frère de Beyazid II, trouvera refuge dans ces murs, en 1482 avant d’être exilé et retenu captif dans la tour Zizim à Bourganeuf.

C’est par la déformation turque du nom latin du saint protecteur, Petreum, que la ville antique d’Halicarnasse sera renommée Bodrum à partir du 16e siècle.
Il y a quelques années nous avions visité le château, musée depuis 1960, et parcouru les différentes sections consacrées aux collections réunissant les objets trouvés dans les épaves sous marines de différentes époques, dont celle immergée à Uluburun en Méditerranée près de Kaş. Lingots de cuivre de Chypre, lingots d'étain pur,  poteries mycéniennes, sceaux et bijoux égyptiens…



Il s’agit d'un navire marchand de l'âge du bronze récent (14 ou 13e siècle av. JC), la plus vieille épave fouillée au monde, dont la réplique est exposée avec une reproduction de sa cargaison.


Une autre réplique d’un navire marchand romain avec dans ses cales des amphores.


Par ailleurs une belle collection d’amphores retrace un véritable historique de ce récipient.


 Quant à l’exploration des vestiges de l’antique cité Myndos (actuel Gümüşlük) et des hypothétiques traces de constructions Lélèges, peuple autochtone ayant occupé la péninsule avant l'arrivée des Ioniens, ce sera pour une autre fois… A notre arrivée, le soleil était déjà bien près de se coucher. Pour en voir de plus concrètes mieux vaut visiter le superbe site de Pedesa, leur capitale, surplombant Bodrum.

Et puis prendre le temps de déguster les mezze, salades et poissons au restaurant Karafaki (signifiant en grec, carafe à raki) n'est pas loin d'être une véritable activité culturelle!