vendredi 19 février 2016

Le caravansérail de Rüstem Pacha (Kurşunlu han)

A Istanbul les œuvres de l’architecte Sinan sont généralement mises en valeur et bénéficient des égards dus au maître dont on a récemment loué le génie créateur en lui consacrant une exposition.  Il y a pourtant une exception. Depuis la station de métro Haliç et en se dirigeant vers Karaköy, trouver le caravansérail de Rüstem Pacha, édifié par Mimar Sinan, n’est pas chose facile. D’ailleurs personne ne le connaît sous ce nom dans le quartier. Il faut préciser Kurşunlu han, faisant référence à sa toiture de plomb initiale bien qu’aujourd’hui il n’en reste aucune trace. Par pudeur sans doute, la pancarte de l’entrée a été taguée pour effacer la mention de monument historique.



Tandis que les deux autres édifices (mosquée et medrese) commandés par le grand vizir et époux de Mihrimah, fille du sultan Soliman le Magnifique, se trouvent de l’autre coté de la Corne d’Or et sont soigneusement entretenus, le délabrement de celui-ci saute aux yeux. Comme tout le quartier de Perşembepazarı, espace commercial et artisanal vétuste, spécialisé dans l’outillage et la quincaillerie, il sombre dans la décrépitude sans que personne ne semble disposé à tenter d’y remédier. 



Pourtant il est l’unique construction de ce type de ce côté de la Corne d’Or. Elevé en 1550 sur les ruines de la cathédrale latine Saint-Michel endommagée lors d’un grand incendie, les arcades du rez-de-chaussée en seraient en grande partie les vestiges ainsi que le chapiteau (surmonté d’une pompe à eau) que l’on peut voir près de l’entrée quand il n’est pas enfoui sous les détritus.


Les aménagements successifs pour utiliser les lieux comme dépôts ou ateliers ont défiguré la bâtisse depuis des décennies. Retrouvera-t-elle un jour une allure plus digne de son architecte? 


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