mardi 29 septembre 2015

Rentrée parisienne

Tandis que les médias relayaient la photo bouleversante d’un enfant syrien échoué sur une plage de Bodrum suscitant émotion et compassion sur les tragédies migratoires des exilés tout autant que les polémiques, c’était pour d’autres bambins du même âge la 1e rentrée en maternelle…
Les grand-mères ont des obligations ! Le mois de septembre s’est donc passé sous le ciel parisien avec pour mission principale, accomplie avec enthousiasme, la sortie de classe de 16h30 en attendant la mise en place du service d’une baby-sitter.
Mes activités culturelles ne se sont cependant pas limitées aux séances de Guignol, cirque, squares et manèges. Deux d'entre elles ont retenu suffisamment mon attention pour vous les faire partager.


L’exposition Osiris – Mystères engloutis d’Égypte à l’IMA (8 septembre 2015 au 31 janvier 2016) présente 250 pièces provenant des récentes fouilles sous-marines de la baie d'Aboukir entreprises par l'archéologue Franck Goddio et l’équipe de l'Institut européen d'archéologie sous-marine (IEASM) et 40 œuvres prêtées par les musées du Caire et d'Alexandrie. Je n’avais pas pu voir la précédente exposition des premiers éléments de ces mêmes fouilles accueillies sous la nef du Grand Palais du 9 décembre 2006 au 16 mars 2007.
Celle-ci met en scène un des mythes fondateurs de la civilisation égyptienne et témoigne du culte dont Osiris fut l’objet dans les deux cités antiques englouties, Thönis-Héraclion et Canope, pendant plus de trois mille ans. Cette divinité bienfaitrice incarnant le retour à la vie fascina aussi les Grecs et les Romains.

On parcourt les salles en se remémorant les cours d’histoire de 6e qui depuis déjà plusieurs années sont, parait-il, amputés de cette partie du programme. Dommage, cette pléiade de dieux anthropomorphes aux étranges pouvoirs éveillait notre intérêt pour la matière…

Une petite révision : 


Le couple mythique Isis et Osiris


Le dieu légendaire, Osiris, fils de la Terre et du Ciel, tué, démembré en 14 morceaux et jeté dans le Nil par son frère Seth, puis retrouvé par Isis, sa sœur et épouse, qui grâce à ses pouvoirs divins, remembra son corps, avant de lui rendre la vie afin de concevoir leur fils : Horus.



Hâpy, le dieu de la fertilité. Statue monumentale de 5m90 et 6 tonnes.


Sculpture romaine représentant Apis, le taureau sacré, image du dieu Ptah et symbole de la succession royale et de la renaissance osirienne.


Thouéris, la déesse hippopotame protectrice de la maternité. 





Et puis j’ai apprécié les crinières au vent de Mustang, titre allégorique du premier long métrage réalisé par la Franco-Turque Deniz Gamze Ergüven, remarqué à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2015, vu par 450 000 spectateurs depuis sa sortie mi-juin dans les salles françaises, et qui vient d’être proposé pour représenter la France dans la catégorie meilleur film étranger à la cérémonie des Oscars 2016.


Le thème de l’oppression féminine trouve un écho favorable dans les esprits mais je crains que toutes les nuances n’ai pas été perçues par un public qui cherche avant tout à conforter son opinion, à être édifié. Les préjugés sur la Turquie ont la vie dure !  
Au delà de ses qualités esthétiques, ce film tourné en Turquie, dans la région de la mer Noire et en langue turque a le mérite de dénoncer la menace bien réelle de l’enlisement de la condition des femmes depuis une décennie, alors que leur situation tendait plutôt à s’améliorer avant. Face aux soudaines et brutales tentatives d’enfermement, de dressage, de domptage, dictées par une pression sociale conservatrice et un despotisme familial archaïque, cinq comportements sont envisagés dans le scénario : le compromis, la résignation, le suicide, la fuite ou la rébellion. Chacune des cinq soeurs incarne une facette de l’insoumission, de la quête de liberté, du besoin vital d’évasion.
La sortie du film en Turquie est prévue mi-octobre, si la censure le permet. Le public turc devrait être sensible à cette revendication de pouvoir exprimer sa joie de vivre et de s’indigner quand elle est menacée.

De retour à Istanbul, tandis qu’en France on continue d’évoquer avec ambiguïté la poursuite des interventions militaires lancées par le gouvernement turc à la frontière syrienne depuis l'attentat de Suruç (20 juillet), les tensions et inquiétudes sont palpables. Dans l’attente des élections du 1er novembre s’est installé ces derniers mois un climat de peur face à la haine raciste et nationaliste, alors que beaucoup n’aspirent qu’à la paix civile. Mais diviser pour régner est une tactique éprouvée. Il n’est pas inutile de lire autre chose que les versions officielles pour élargir notre point de vue.  D’autres analyses et informations, entre autres, sont disponibles…


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