mardi 31 mars 2015

Pêle-mêle du mois de mars



Malgré les invitations, les rencontres entre amis, les réunions familiales d’anniversaires et les moments de tendre complicité avec Elvan, mon petit-fils, qui ont ponctué ce séjour parisien, je rentre avec l’impression d’avoir voyagé beaucoup plus loin, jusqu’en Extrême Orient avec 2 films qui ont en commun l’avantage d’offrir autre chose que des clichés touristiques : Tokyo fiancée et Voyage en Chine. J’ai même profité d’une escale sur la route de la soie en regardant sur grand écran au cinéma MK2 Nation, un documentaire de Connaissance du Monde La Perse au cœur de l’Iran, reflet d’un attrait récent pour cette destination, répondant au souhait du gouvernement iranien d’ouvrir le pays aux visiteurs étrangers après de longues années d’isolement.


L’exposition Indigo, un périple bleu a complété ces voyages virtuels par un tour du monde, fournissant une illustration colorée pour ce message.
Cette immersion dans la teinture bleue, pigment végétal universellement utilisé, obtenu par macération et broyage des feuilles de l'indigotier cultivé en Inde depuis plus de quatre mille ans, est déclinée ici en quelques 300 pièces de collections privées provenant de tous les continents, et réunies par Catherine Legrand, commissaire de l’exposition qui commentait ce jour là une visite, de l'Europe à l'Inde en passant par la Chine, le Japon, l'Afrique, l’Ouzbékistan, le Vietnam... 










L'indigo concurrença le pastel des teinturiers cultivé en Europe depuis le 13e siècle, ainsi que la renouée de Chine et le gara d’Afrique (autres plantes à bleu) mais dût s’incliner devant l’indigotine, produit de synthèse élaboré en 1882 par le chimiste allemand Baeyer (fondateur des laboratoires Bayer).
Ne l’oublions pas le bleu était traditionnellement la couleur des vêtements de travail des ouvriers et des paysans (la fameuse blouse appelée biaude dans les campagnes) tout comme les emblématiques pantalons et blousons américains, universellement porté depuis des décennies.



Décidément l’hôtel de Sens, hébergeant la bibliothèque Forney, offre aux visiteurs d’étonnantes occasions de voyager. En novembre dernier c’était à dos de cuillères, cette fois c’est une plongée dans une teinture textile.
Modestes mais essentiels témoignages de la créativité populaire pour embellir le quotidien, affirmer une identité. Certains vêtements sont de véritables œuvres d’art par le plissage, le calandrage, l’impression de motifs en réserve et diverses techniques décoratives, d’autres nous émeuvent par le souci d’un usage maintes fois recyclé.
Prévue du 27 janvier au 18 avril l’exposition est prolongée jusqu’au 2 mai 2015. (1 Rue du Figuier, 75004 Paris)
  
Et puis durant ce séjour j’ai eu l’occasion de découvrir d’autres univers… 
Le musée de la curiosité et de la magie, dans le quartier du Marais, vers le village Saint-Paul. A voir par les enfants petits et grands !


L’exposition gratuite de la mairie de Paris Paris Magnum, présentait la capitale sous l’objectif des plus grands photographes du 20e siècle en cinq séquences chronologiques. (Terminée le 28 mars 2015)
L’exposition temporaire Sur la piste des grands singes à la Grande Galerie de l'évolution du Jardin des plantes (du 22 février 2015 au 21 mars 2016) a pour objectif de sensibiliser le public sur ces primates que la dégradation des forêts tropicales d’Afrique et d’Asie, les maladies et les trafics menacent d’extinction. Voir les détails dans le dossier de presse.


Un séjour bien rempli donc, avec même une brève échappée d’une journée en Bourgogne, sur les traces des vacances de mon enfance du côté du Creusot, près du canal du Centre et des sept écluses.







mercredi 4 mars 2015

Göbeklitepe à Üsküdar

Hier la municipalité d’Üsküdar (quartier de la rive asiatique d’Istanbul) a accueilli dans son centre culturel de Bağlarbaşı une réunion d’information, conférence et exposition portant sur le site archéologique de Göbeklitepe « Les fouilles qui ont modifié l’histoire ».


Les lieux offrant un espace limité, l’événement n’a bénéficié que d’une très modeste médiatisation. Il n’empêche qu’il a fait salle comble d’après les communiqués de presse. Rien d’étonnant !
Göbeklitepe, le plus ancien site d'architecture monumentale répertorié est daté d’avant la sédentarisation et donc d’une époque pré-agricole, 10 000 ans avant notre ère. A une vingtaine de kilomètres de Şanlıurfa, ville du sud-est de la Turquie, ce gigantesque lieu de culte enfoui sous une colline artificielle de 15 m de haut a été fouillé depuis 1995 sous la direction du Prof Dr Klaus Schmidt. Son décès brutal en juillet 2014 a été suivi d’une interruption temporaire des travaux en cours.    


L’archéologue Çiğdem Köksal-Schmidt, son épouse, a conduit la conférence en exposant les découvertes d’un intérêt majeur qui ont remis en question des hypothèses et déductions concernant l’évolution de l’humanité, jusque là admises par les scientifiques. L’émergence de croyances avec rassemblements cultuels auraient précédé de plusieurs centaines d’années, voire de 2000 ans, la sédentarisation. (Les plus anciennes couches de traces d’habitations à Çatalhöyük datent de 7400 av. JC).
Elles auraient été la première motivation du génie bâtisseur de l’humanité, de ses prouesses techniques et de sa créativité artistique. 
Découverte très spectaculaire aussi puisqu’une surface de près de 500 m de diamètre est recouverte de structures de piliers en T sculptés disposés avec une grande précision.


Un pas vers la connaissance mais vers de nombreuses énigmes aussi…
La publication d’un catalogue est en cours de réalisation.


En attendant si vous voulez voir les photos de ce chantier archéologique et les panneaux d’information qui les accompagnent, il faut faire vite. D’après le curateur de l’événement, Yaşar İliksiz, interrogé par une journaliste de Urfa TV, l'exposition restera en place jusqu'à la fin de cette semaine.
Regrettable précipitation pour la divulgation de travaux de cette envergure… mais il y aura peut être d’autres projets…


Crédit photographique et reportage vidéo Urfa TV sur le site urfa.com 


lundi 2 mars 2015

En modeste hommage à Yaşar Kemal

Un conteur magnifique, défenseur des libertés et des droits de l'homme, a quitté ce monde le 28 février 2015. Au moment où il rejoint aujourd’hui sa dernière demeure au cimetière de Zincirlikuyu, je me souviens de l’émotion qui avait accompagné ma lecture de Mèmed le Mince… son premier livre traduit en français et mon premier contact avec la littérature turque et la diversité des populations anatoliennes.


Il laisse en héritage des pages remplies d’un humanisme qui lui survivra, l’essence même de la révolte contre l’oppression et un message d’espoir :
"Bir dil bulacağız herşeye varan, birşeyleri anlatabilen. Böyle dilsiz, böyle düşmanca, böyle bölük pörçük dolaşmayacağız bu dünyada..."
« Nous trouverons un langage qui arrive à tout, à faire comprendre les choses. Nous ne errerons pas ainsi muets, hostiles, divisés dans ce monde. »  

Autre citation de Yaşar Kemal :
"İnsan evrende gövdesi kadar değil, yüreği kadar yer kaplar"
« La place occupée par l’homme dans l’univers ne l’est pas par son corps mais par son cœur »

Et le cœur de Yaşar Kemal ne manquait pas de grandeur !

Trouvée sur Internet, cette photo. 
L'homme s'en est allé mais son passage n'est pas prêt d'être oublié.