mardi 29 octobre 2013

La République turque a 90 ans

Le 90e anniversaire de la République turque a été célébré avec faste aujourd’hui.
La traditionnelle cérémonie matinale au mausolée d’Atatürk à Ankara a été suivie de l’inauguration du Marmaray, tunnel sous-marin reliant l’Asie à l’Europe.
Dès demain le public pourra emprunter cet axe ferroviaire pour traverser le Bosphore en 4 mn.
Pendant ce temps des contestataires réunis pour marcher vers la place Taksim ont été dispersés par la police. Un rappel pour que les festivités ne fassent pas oublier les événements de juin dernier.
En soirée des feux d’artifice ont embrasé le ciel d’Istanbul

Deux photos glanées sur la toile pour commémorer cette journée pas comme les autres…





lundi 28 octobre 2013

Antalya

Brève visite, avant de reprendre la direction d’Istanbul…
Il y a bien longtemps que je n’avais remis les pieds à Antalya.
L’urbanisation a encore gagné du terrain aux alentours, rançon de son attrait touristique.
Sur la grande place, la statue équestre d’Atatürk et les jets d’eau sont fidèles à mon souvenir. Les fayton (voitures à cheval) semblent avoir été remplacés par un tramway.




Du promontoire, le panorama sur la baie et les montagnes est superbe.
  

Depuis sa fondation en 150 av. JC. par Attale II, roi de Pergame qui la nomma Attaleia, la ville a toujours été habitée et donc remodelée au fil des siècles.




Kaleiçi, la vieille ville nichée dans l’abri des remparts plus ou moins entretenus par les occupants successifs, est donc plus ottomane qu’antique, mis à part la superbe porte d’Hadrien et quelques tours dont celle de l’horloge. La mosquée au minaret tronqué témoigne de l’époque byzantine puisqu’elle fut auparavant une église.
A côté de sa mosquée couverte de six coupoles tuilées, le minaret cannelé, Yivli Minare, (1230), en briques rouges recouvertes autrefois de faïences turquoise, et datant du sultanat seldjoukide d’Alaeddin Keykubad, se dresse toujours fièrement au dessus des maisons ottomanes pour la plupart restaurées et affectées à l’hôtellerie de charme.


Quelques autres monuments ont été mis en valeur dans la rue piétonne.


Un mausolée caractéristique de l’époque du beylicat karamanide (1377) se fait remarquer par la blancheur de ses pierres. 




Une dépendance du complexe de la mosquée au minaret cannelé, devenue au 15e siècle mevlevihane (local de l’ordre religieux des derviches tourneurs), lui fait de la concurrence avec sa façade encore plus blanche. Sous sa toiture élégante le ministère de la culture a installé une galerie d’art.





Escapade en Lycie : flammes éternelles de la chimère

A  l’extrémité nord de la plage, sur le flan de la montagne surplombant le village de Çiralı, un étrange phénomène attire les curieux.



C’est par là … mais afin d’entretenir les lieux, la direction des forêts vous déleste de 5TL avant de vous laisser emprunter le sentier qui grimpe. (müzekart inefficace)  



Non, on n’est pas encore arrivé… ce sont les petites flammes roses d’un tapis de cyclamens dans les sous-bois.

Si les gaz de méthane s’échappant de fissures dans la roche et s’enflammant spontanément au contact de l’air nous fascinent encore aujourd’hui, imaginez l’effet produit par cette activité géothermique, rare mais naturelle, il y a quelques millénaires.




Rien d'étonnant à ce que l’endroit ait donné naissance à de mythiques interprétations.
Bellérophon, héros corinthien, monté sur le cheval ailé Pégase, y aurait combattu victorieusement la Chimère, monstre à tête de lion, corps de chèvre, queue de dragon et qui crachait du feu. Le monstre a été anéanti, mais les flammes s’échappent encore…

Alors pour la version locale, le pas est allègrement franchi, raflant la vedette au sanctuaire d’Olympie : La flamme olympique est le symbole des feux éternels de Chimera… Explication d’après le panneau à l’entrée du site Yanartaş:


Pour célébrer la victoire du héros, les habitants d’Olympos organisèrent des jeux. Les athlètes enflammèrent des torches et coururent vers la ville. Ainsi furent réalisés les premiers jeux olympiques en Anatolie. Et ici pas besoin de miroir parabolique réfléchissant les rayons du soleil pour allumer la flamme.

Le site est aussi associé à Héphaïstos, dieu gardien du feu souterrain dans la mythologie grecque. Les vestiges d’une chapelle sont visibles. Elle aurait été construite sur les ruines d’un des premiers temples dédié au culte de la divinité. 

Le soir tombe et, bien que munis de lampes-torches, nous entamons la descente. D'autres arrivent pour contempler le phénomène qui est encore plus impressionnant dans la nuit noire. Certains ont même apporté le pique-nique et commencent à s'installer. Ouvert 24h sur 24... Avis aux amateurs!

dimanche 27 octobre 2013

Escapade en Lycie : Olympos

Le parc national d’Olympos, avec son point culminant Tahtalı, est le rendez-vous des randonneurs du monde entier et ça se voit à Çiralı, petit village situé à l’extrémité nord d’une superbe plage de 3 km, qui se distingue par une quantité impressionnante de pensions de famille et de petits restos. Comment ne pas être conquis par la beauté de la nature environnante entre mer et montagne, et ne pas avoir envie de prendre tout son temps pour l’apprécier.


L’accès au site antique d’Olympos se fait soit par la plage depuis Çiralı, village auquel on arrive en quittant la route Kemer-Finike à la première bifurcation, soit en prenant la deuxième, un peu plus au sud, qui conduit directement au site. Les deux petites routes sont aussi carrossables l’une que l’autre. Agréable surprise, car il y a 20 ans, on avait bien cru ne jamais pouvoir arriver à destination tant la piste était défoncée.
Que vous arriviez d’un côté ou de l’autre, il faudra passer par un guichet et vous acquitter de 5TL pour la visite (sauf les possesseurs de la müzekart).





Les vestiges de la cité antique, fondée au 2e ou 3e siècle av. JC, s’alignent de chaque côté de la vallée traversée par un cours d'eau. 



Vestige d’un pilier du pont romain, reliant les deux rives
Ils proviennent pour la plupart de constructions datées de l’époque romaine, période de prospérité. La ville fut plusieurs fois victime d’attaques de pirates qui causèrent son lent déclin et son abandon vers le 13e siècle.

Porte monumentale d’un temple construit en l’honneur de Marc-Aurèle, 2e siècle

Bâtisse à 2 étages, aux sols recouverts de mosaïques, datée du 5e siècle et probablement occupée par les évêques du lieu pendant la période byzantine. 
Ici, plus qu’à Phaselis, les traces de la civilisation lycienne et de la relative autonomie des villes de la confédération dans cette province romaine, sont visibles comme en témoigne le sarcophage d’Antimachos daté de la fin du 2e siècle...



...ainsi que la tombe monumentale du lykiarque Marcus Aurelius Arkhepolis et de sa famille, datée de la deuxième moitié du 3e siècle.



Les fouilles archéologiques et consolidations continuent…



jeudi 24 octobre 2013

Escapade en Lycie : Phaselis

En automne, une petite semaine de détente à proximité de Kemer est un plaisir qui ne se refuse pas. Soleil et températures estivales sont au rendez-vous mais ce n’est pas une raison pour se limiter à l’inactivité du lézard…


Après l’ascension du Mont Tahtalı en téléphérique, nous reprenons la route en direction de Finike et quelques kilomètres plus loin sur la gauche, une pancarte indique Phaselis.
Tombée sous le charme du lieu, il y a une vingtaine d’années, j’aurais regretté de ne pas arpenter encore une fois sa voie pavée à l’ombre des pins.


La cité antique est telle que gravée dans mes souvenirs. Rien d’étonnant puisque l’essentiel des fouilles a été effectué de 1981 à 1984 par une équipe dirigée par le Prof. Dr. C. Bayburtluoğlu, environ 10 ans avant ma première visite.
Quelques panneaux explicatifs, quelques aménagements pour faciliter l’accès au théâtre notamment, ont été rajoutés, justifiant l’accès désormais payant (8TL, mais gratuit pour les possesseurs de la müzekart)


Phaselis est à la limite de la région côtière occupée autrefois par le peuple lycien dont l’existence est attestée par une langue et des inscriptions, mais dont l’origine reste encore mystérieuse. Descendants lointains du peuple Lukka, mentionné par les Hittites au 2e millénaire ou débarqués de Crète avec à leur tête Sarpédon, frère du roi Minos, les dernières études linguistiques pencheraient plutôt pour une origine anatolienne sans exclure une incursion crétoise…
Mais ici, les vestiges, aqueduc, thermes, agora, théâtre et nécropole, ne portent pas d’empreinte particulière de la culture lycienne comme on peut en trouver ailleurs sur la péninsule de Teke (textes gravés ou tombeaux rupestres et sarcophages à pilier de Xanthos, Telmessos, Aperlai…). Ils datent pour la plupart de la période romaine. 

Aqueduc



Thermes




Agora




Théâtre


Nécropole et sanctuaire ou tombe monumentale




Porte d'Hadrien et à proximité un vestige gravé en grec ancien



La presqu’ile de Tekirova où est située l’antique ville portuaire aurait déjà été aménagée en comptoir commercial par les Phéniciens mais sa fondation au 7e siècle av. JC est attribuée aux Rhodiens qui auraient acheté l’emplacement à son propriétaire pour quelques poissons séchés.
De dominations (Perses, Cariens, Lagides souverains grecs d’Egypte, Séleucides, pirates ciliciens, Grecs et Romains, Byzantins, Seldjoukides et Ottomans) en libérations (Alexandre le Grand en 333 av. JC, renouvellement de la Confédération Lycienne en 160 av. JC), la cité portuaire resta prospère jusqu'à l’époque impériale romaine. En déclin déjà au moment où elle reçu la visite d’Hadrien, commémorée par une porte monumentale, elle fut ruinée par les incursions arabes au 7e siècle et tomba progressivement dans l’oubli au profit d’autres villes portuaires (Antalya et Alanya)
Reste la balade pittoresque dans les ruines romaines de la cité endormie, les criques consacrées à la baignade et à la pêche à l’emplacement de ses trois ports.





 A l'horizon, le sommet du mont Tahtalı où est perchée la station du téléphérique.