mercredi 27 mars 2013

De retour de voyage


Quand on part dans le sillage de Bülent Demirdurak, c’est le plus souvent pour une destination lointaine… En 2011, le Pérou.
Cette fois encore il a fallu traverser l’Atlantique, mais sans aller jusqu’au Pacifique, pour atterrir dans la plus grande île des Caraïbes…
N’allez pas vous imaginer que c’était pour se dorer au soleil… tout juste au programme d’un après midi sur les 8 jours de circuit.
Le séjour fut consacré à une révision intensive d’un cours d’histoire contemporaine et Bülent n’a pas ménagé sa peine pour faire entrer dans les cerveaux embrumés par les daiquiris, les mojitos et autre piña colada, tous les détails des pages bien chargées d’événements et d’illustres noms qui ont marqué l’histoire de ce pays, employant les heures de trajet en autocar pour nous abreuver des poèmes de Nazim Hikmet qui a foulé bien avant nous (1961) le sol de cette terre socialiste le buste d’Atatürk trône sur un grand boulevard de sa capitale. Si vous n'avez pas encore deviné voici quelques photos pour vous mettre sur la voie…











Mais aussi...













C’est de La Havane à Santiago en passant par Bayamo, Camaguey, Trinidad, Cienfuegos, Santa Clara et Pinar del Rio, le voyage à Cuba... en raccourci.

lundi 4 mars 2013

Musée de l'Histoire des Sciences et Technologies de l'Islam


Dans le parc de Gülhane (la roseraie), les jardiniers s’activent sur les plates-bandes.
Les rosiers sont taillés, les primevères et les pensées donnent les premières touches de couleurs, tandis que les feuilles sortent des bulbes de tulipes.


Les grands platanes dénudés accueillent les nids ébouriffés des hérons cendrés s’apprêtant à couver.


Sur la droite, les architectures du Çinili Köşk et de quelques pavillons du palais de Topkapi ne sont pas encore cachées par les feuillages. Et malgré le célèbre poème de Nazim Hikmet chanté par Cem Karaca "Ben bir ceviz ağacıyım Gülhane parkında" (Je suis un noyer dans le parc de Gülhane), ces grands arbres n’en sont pas…


Sur la gauche à l’entrée, le kiosque (Alay Köşkü), construit sous Mahmut II pour remplacer un pavillon en bois d’où le Sultan observait les défilés militaires et les dignitaires de la Sublime Porte, est désormais un Musée de la Littérature et une bibliothèque.

Alay köşkü, côté avenue

Alay köşkü, côté parc 

Un peu plus loin, les anciennes écuries impériales du palais abritent depuis 2008 le Musée de l'Histoire des Sciences et Technologies de l'Islam, but de la visite d’aujourd’hui.



Tout d’abord, on notera l’effort particulier d’accessibilité par le plus grand nombre de visiteurs car les textes explicatifs sont tous multilingues, en turc, anglais, allemand, français et arabe. Et la lecture ne manque pas sur le parcours pour donner des informations à propos des maquettes, des reconstitutions réalisées pour la plupart d’après les descriptions minutieuses trouvées dans les manuscrits des savants ou d’après les originaux conservés.





Maquette du complexe hospitalier d’Edirne fondé en 1484

Un hommage est rendu aux orientalistes européens qui dès le 18e siècle ont tenté de démontrer l’importance de l’apport scientifique des civilisations arabo-musulmanes, pour n’en citer qu’un : Johann Wolfgang Goethe, puis quelques autres au 19e siècle dont Ernest Renan et Eilhard Wiedemann. Ce dernier y a consacré une grande partie de sa vie et a inspiré l’idée de reconstruire ces appareils et inventions à l’Institut d’Histoire des Sciences Arabo-Islamiques de l’Université Johann Wolfgang Goethe à Francfort sur le Main. Istanbul a souhaité présenter une collection muséale semblable et ce vœu a été exhaussé grâce au Professeur Fuat Sezgin, fondateur de l’Institut précédemment cité.


Dans le même esprit que l’exposition itinérante du National Geographic Museum « 1001 inventions » qui a été présentée à Londres, à Istanbul (du 18 août au 5 octobre 2010), à New York, à Los Angeles et qui vient de fermer ses portes en février 2013 à Washington, les maquettes et reproductions que l’on voit dans le musée d’Istanbul révèlent l'épanouissement des sciences et de la technologie dans le monde arabo-musulman du 9e au 17e siècle, dans les domaines de l'astronomie, de la géographie, des mesures de précision concernant le temps et la navigation, de la chimie, de l'optique, de la médecine, de l’agronomie, de l'architecture, de la physique, des mathématiques, de la géométrie, de la minéralogie et des arts militaires.

Reproduction de la clepsydre monumentale de Fès, 14e siècle

Modèle réduit de l'horloge-éléphant, mise au point au début au 12e siècle par l’ingénieur en mécanique al-Jazari, auteur du manuscrit : "De la connaissance des procédés mécaniques", décrivant avec précisions et croquis des applications pratiques de mécanismes. L’original mesurait 7 m de haut. 

Les souverains musulmans ont encouragé la recherche scientifique et la diffusion du savoir, la langue arabe réunissant des savants de tous horizons. Héritiers des civilisations antiques, les érudits de l’époque ont contribué aux perfectionnements et développements des sciences et des techniques pendant que l’Occident médiéval connaissait ce que l’on a coutume d’appeler les âges obscurs. Embourbé dans les guerres et l’extrémisme religieux, il n’a retrouvé qu’à partir du 12e siècle une curiosité scientifique en se tournant vers l’Orient, où l’on avait pendant ce temps bien assimilé les connaissances, réutilisé des savoirs et innové considérablement, tout en continuant dans la foulée une impressionnante progression dans les domaines intellectuels de l’art et de l’écriture.

Ouvrons une parenthèse : je me souviens de mon étonnement, dans les années 80, à constater combien les technologies occidentales étaient en Turquie l’objet d’une irrésistible attraction et d’une inconditionnelle admiration incluant les systèmes économiques, politiques, éducatifs et la culture sous toutes ses formes. Le mot « Avrupa » résumant à lui seul tous les bienfaits de l’humanité.
Je n’étais pas loin de me sentir honteuse de ma situation de produit importé au même titre qu’un lave linge dans l’esprit de certains, présentée comme « avrupalı gelin », certificat garantissant la qualité, et m’inquiétant de ce que l’on pouvait bien attendre de moi… L’improvisation, à défaut de perfection, étant programmée sur ma feuille de route !
Quelques sketches et chansons plus tard, tournant en dérision l’attrait inconsidéré pour l’Europe, après quelques machines produites localement faisant entrer progressivement la modernité dans presque tous les foyers, j’ai commencé à me sentir plus à l’aise dans mon statut de belle-fille étrangère.
Cela pour dire combien les mentalités étaient conditionnées par la conviction de la supériorité des cerveaux occidentaux, conviction honteusement entretenue et alimentée par ces derniers qui depuis des siècles se proclament les champions du modernisme, les seuls inventeurs dignes de respect, en oubliant de mentionner quelques détails du parcours et quelques noms…
Le chimiste Jabir Ibn Hayyan (vers 800), le père de l'algèbre et des algorithmes Al-Khawarizmi (780-850), l’astronome Al-Farghani (805-880), le scientifique et poète Ibn Firnas (810-887) qui construisit la première machine volante faite d'étoffe et de plumes, Al-Razi ou Rhazès qui créa vers 920 le premier hôpital, l'astronome et historien Al-Biruni (973-1050), le philosophe et médecin Avicenne (980-1037) auteur d’une encyclopédie médicale, Omar Khayyam (1047-1122) mathématicien et poète, le philosophe Averroès (1126-1198), le médecin et théologien juif Maïmonide (1135-1204), l’ingénieur Al-Jazari (1136-1206), le géographe et voyageur Ibn Battûta (1304-1377), l'historien Ibn Khaldoun (1332-1406), l'amiral et cartographe ottoman Piri Reis, auteur d’une carte tracée en 1513, et bien d’autres…

Ce musée n’a pas la prétention d’attribuer aux seuls savants du monde arabo-musulman la paternité de toutes les évolutions techniques contemporaines mais a le mérite d’attirer l’attention sur leur importante contribution créative dans l'histoire universelle de la science. Le message est clair : après avoir parcouru l’enfilade des salles sur deux niveaux, on ne pourra plus se retrancher derrière l’excuse de l’ignorance des faits.

Lanterne tempête, 9e siècle 

Appareil de distillation pour extraire l’eau de rose, 13e siècle 


Outre son intérêt éducatif, le musée est agréable à visiter. Certains plafonds sont tendus de toiles imprimées reproduisant des pages de manuscrits, des schémas. On peut reconnaître dans la fresque lumineuse la dernière création du miniaturiste Nusret Çolpan (1952- 2008).



En sortant du musée, vous pouvez aller à l’autre extrémité du parc, sur la butte, et faire une pause au café en plein air afin de faire le point entre ce que vous saviez déjà et ce que vous avez appris… réfléchir sur l’universalité de la curiosité, l'ingéniosité, pour reconnaître humblement que les découvertes sont le produit d’interactions et de transmission entre différentes cultures… ou pour admirer le paysage. 
  
Ouvert de 9h à 18h30. Fermé les mardis 

dimanche 3 mars 2013

Stickers pour oranges turques


Les oranges de Turquie se sont parées cette année de petits stickers aux couleurs du pays…
Drapeau ou œil protecteur au choix !