Ce texte est aujourd’hui simultanément publié dans la rubrique « de
blog à blog » du journal en ligne gratuit : lepetitjournal/istanbul. On y trouve quotidiennement des bons plans, des petites annonces, l’agenda
culturel et les événements de l’actualité d'Istanbul et de Turquie... et quelques pages de blogueurs stambouliotes.
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En marge des musées nationaux,
Istanbul se distingue par l’existence de nombreux autres musées dont la
création relève d’initiatives privées, notamment celles des grandes familles
d’industriels Koç, Sabanci et Eczacibaşı. Certains accueillent des événements
culturels d’envergure internationale (Modern Istanbul, Musée de Pera, Musée
Sakip Sabancı), d’autres ont un rayonnement plus discret (.musée Sadberk Hanim,
musée des Transports et de l’Industrie…)
D’autres universités privées ont
joué aussi récemment la carte culturelle par la création de musées
d’attractivité non négligeable (Santral Istanbul, musée Rezan Has…)
Des établissements bancaires
étaient déjà entrés discrètement dans le club des collectionneurs ou amateurs
d’art, en particulier Yapı Kredi avec le musée Vedat Nedim Tör créé en 1992 et
qui a présenté ces dernières années des expositions remarquables sur les
recherches et découvertes archéologiques.
Le musée de la Banque Ottomane est un autre
exemple de cette volonté de dévoiler des collections, des archives, à un large
public et de participer à l’effervescence culturelle stambouliote.
Dans la "Bankalar Caddesi" (quartier de Galata) qui descend de Şişhane à
Karaköy, centre des affaires au 19e siècle, juste en face du célèbre
escalier Camondo, l’imposant édifice signé de l’architecte levantin Alexandre
Vallaury, construit pour la
Banque Impériale Ottomane, ouvrait ses portes en mars 1892. Son
architecture extérieure et intérieure, bien préservée, témoigne encore de sa conformité
avec les structures des banques occidentales de l’époque, mais des détails de
facture orientale ne sont pas totalement absents.
Ce siège central fonctionna
jusqu'au début de l'année 1999, et l’établissement financier fut ensuite
incorporé à Garanti Bankası, actionnaire principal.
L’étage des coffres-forts, au
sous-sol du bâtiment, fut aménagé en musée de la Banque Ottomane , centre
d’archives et de recherches, et ouvert au public en 2002.
En 2009 d’importants travaux de
restructuration ont été effectués après une fusion avec les deux centres
culturels Garanti Galeri et Platform Garanti Contemporary Art Center, donnant
naissance à SALT, englobant un vaste programme d’expositions, conférences,
ateliers, projections de films sur l’art contemporain, l’architecture, le
design, l’urbanisme, l’histoire sociale et économique.
Depuis octobre 2011, le musée de
la Banque Ottomane
est de nouveau ouvert au public. C’est en quelque sorte la vitrine du centre
d’archives et de la bibliothèque qui recèlent des milliers d’autres documents,
originaux et numérisés, semblables à la sélection présentée.
Les documents et objets de
l’exposition permanente offrent en effet bien plus que des traces de
transactions et activités financières. Outre les coffres-forts aux impressionnantes
dimensions, livres de comptes etc., se
trouvent réunies ici des informations détaillées sur la clientèle et le
personnel, témoignant des conditions politiques, économiques, sociales d’une
période charnière de la fin de l'Empire ottoman et du début de la République de Turquie.
On ne sera pas surpris de constater que la plupart des documents soient rédigés
dans la langue administrative privilégiée de l’époque, le français. Raison de
plus pour consulter cette base de données particulièrement accessible aux
francophones.
Jusqu’au 11 avril 2012, on peut y
voir aussi l’exposition temporaire "Geçmişe hücum" (A l’assaut du passé) qui
retrace chronologiquement les explorations archéologiques d’envergure
entreprises par l’Occident de 1753 à 1914 et la prise de conscience progressive
par les élites de l’empire ottoman de l’existence d’un patrimoine culturel à ne
pas dilapider. Cet état d’esprit se traduisit par la création de l’actuel musée
archéologique d’Istanbul dont la construction du bâtiment principal, à
l’initiative d’Osman Hamdi Bey, fut réalisée de 1881 à 1908 par l'architecte
déjà cité Alexandre Vallaury.
L’entrée du musée de la Banque Ottomane est gratuite,
tous les jours entre 10h et 18h
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