dimanche 18 décembre 2011

Parole perdue, lecture d’un roman

Kayip söz, titre original du roman, est paru en 2007. Une traduction de Valérie Gay-Aksoy a été publiée en avril 2010 aux éditions Phébus.
Oya Baydar est née en 1940. Ancienne élève du Lycée Notre Dame de Sion à Istanbul, elle a connu la prison et l’exil avant de devenir à partir de 1991, un auteur récompensé en Turquie par deux prix littéraires.
Parole perdue, inspiré d’un vécu et d’une profonde réflexion, invite les lecteurs à s’interroger sur l’omniprésence de la violence. Celle des armes mais aussi celle des oppressions qui s’exercent sur un peuple qui revendique la reconnaissance de ses différences, tout autant que celle qu’on exerce sur nos enfants quand ils ne semblent pas vouloir suivre le chemin que l’on avait imaginé pour eux.

« Nous sommes tous l'étranger de quelqu'un » cite l’auteur de Parole perdue.

Il y a toujours ailleurs ou à côté de nous un autre qui n’est pas écouté, dont les différences sont observées avec mépris.
Le néo orientalisme, amalgame d’ignorance et d’idées fausses, n’est pas l’apanage de l’Occident et Oya Baydar met ici en garde ses concitoyens contre le danger d’un regard superficiel et réducteur sur l’Est de leur propre pays.
L’uniformisation des informations ne fait qu’amplifier les malentendus, la confusion, la peur. Percevoir et rendre compte de la diversité, de la complexité des situations, est indispensable pour approcher la réalité, pour tenter de renouer des liens et retrouver une parole perdue.

Par le prisme d’une écriture originale dans laquelle les personnages dialoguent, monologuent ou se font tour à tour narrateurs du récit, Oya Baydar fait apparaitre les différentes facettes composant leur personnalité, tandis qu’au fil des pages les histoires entremêlées se recomposent, les protagonistes reviennent à leur point de départ, mais ils ne sont plus tout à fait les mêmes. Le lecteur non plus.

L’auteur ne prend pas la parole, elle s’applique à la faire retrouver par ceux qui l’ont perdue.

2 commentaires:

  1. Bonsoir Patita

    interressant ce livre, j'aime bien,... faire retrouver la parole perdue...

    RépondreSupprimer
  2. Au delà d’un voyage dans la Turquie contemporaine, ce roman évoque des thèmes de réflexions universels et chacun peut y trouver ceux qui toucheront sa sensibilité. Il véhicule aussi l’espérance d’une possibilité de surmonter nos conflits intérieurs tout autant que ceux qui agitent les relations parents-enfants ou entre les peuples.

    RépondreSupprimer