jeudi 28 juillet 2011

Sagalassos, une cité antique de Pisidie

Depuis Ağlasun, petite ville de la province de Burdur, 7 km d’une route en lacet grimpent vers la cité gréco-romaine encore assez peu visitée, malgré l’importance régionale de ce centre urbain dans la période antique.


Le vaste chantier de fouilles n’a été entrepris que depuis une vingtaine d’années et l’équipe internationale de scientifiques majoritairement Belges et Turcs, sous la direction du Professeur Marc Waelkens de l’université de Louvain n’est pas au bout de ses peines, vu l’étendue (1200 km²) et la richesse du site. Des constructions monumentales spectaculaires ont été reconstituées après en avoir exhumé les vestiges abandonnés au 6e siècle suite à une série de catastrophes (séismes, peste et invasions destructrices).




Le nom de la cité pourrait venir du mot Salawassa qui désignait dans les textes hittites cette région montagneuse, mais fertile et bien irriguée, occupée par les Louvites. La première agglomération urbaine tentera de résister aux Phrygiens avant de leur appartenir, puis passera sous la domination Perse et deviendra un centre régional important. En 334 av. JC, la ville résistera vaillamment à la convoitise d’Alexandre le Grand avec l’aide des Termessiens mais en paiera le prix. Sagalassos sera saccagée.

Par la suite, elle s’hellénisera rapidement avant d’être intégrée aux provinces d’Asie de l’empire romain et connaitra un développement économique et culturel important à la fin du 1er siècle av JC jusqu’au 3e siècle. Des bâtiments publics somptueux témoignent de sa prospérité.



Des gradins supérieurs du théâtre pouvant accueillir 9000 spectateurs et surplombant la cité, le panorama est impressionnant. 

Ils offrent aussi un spectacle tout archéologique avec une vue d’ensemble sur le plan de la ville et sur l’emplacement des monuments que l’on découvre en redescendant.

Le bouleutérion


La fontaine monumentale d'Antonin



Le héroon

La bibliothèque, dont la construction a été financée par Titus Flavien Neon, riche citoyen de la ville, au 2e siècle.

La fontaine hellénistique



Les deux agoras, les thermes, la bibliothèque, le bouleutérion, la fontaine monumentale d’Antonin (nymphée), le heroon, le macellum (place du marché), la fontaine hellénistique où l’eau de la source continue à clapoter à l’ombre des colonnes et où il fait bon pour une pause fraîcheur avant de continuer d’arpenter les sentiers de visite de cette cité sortie de l’oubli. Même au printemps, quand les aubriètes décorent de leurs fleurettes les marbres millénaires, c’est appréciable ! Les placides occupants des lieux nous invitent à suivre leur exemple. Pas la peine de courir...






Et pour ceux qui ont besoin d’images plus concrètes, voir le site du film documentaire « Sagalassos, la cité oubliée » avec visite virtuelle, histoire et photos de synthèse.


vendredi 15 juillet 2011

Ephèse, cité greco-romaine d'Asie Mineure

Ephèse, symbole de la civilisation gréco-romaine en Asie mineure, est évidemment l’un des premiers sites que j’avais visité en Turquie mais les fouilles archéologiques autrichiennes se poursuivant inlassablement depuis 1896, la cité antique abandonnée au 11e siècle suite à l’ensablement irréversible de son port, méritait bien une nouvelle visite, effectuée en octobre 2009.






Curieuse de voir ce qu’il en était des dernières découvertes, les fameuses maisons en terrasses, en état de conservation comparable à celles d’Herculanum ou de Pompéi, je n’ai pas été déçue. Les fresques décorant les murs, les pavements de mosaiques recouvrant les sols, colonnades et chapiteaux attestent d'un habitat raffiné et luxueux digne de la période romaine la plus florissante.
  







Elles sont un témoignage de la vie quotidienne des familles aisées, sans doute moins spectaculaire mais plus émouvant que l’époustouflante reconstitution de la façade de la bibliothèque de Celsius, que le théâtre, que les ruines des thermes, et que des vestiges de l’avenue des Courètes, prêtresses d’Artemis, déesse protectrice de la cité. Les restaurateurs y travaillent encore probablement…



Pour en savoir plus :

http://www.dailymotion.com/video/xdbpaj_ephese-la-cite-antique-1_webcam
http://www.dailymotion.com/video/xdboxa_ephese-la-cite-antique-2_webcam
http://www.dailymotion.com/video/xdboii_ephese-la-cite-antique-3_webcam

vendredi 8 juillet 2011

Iasos en Carie

On peut sillonner la Carie pendant des jours et trouver encore des sites antiques à visiter tout en profitant des superbes paysages égéens. Celui-ci est à 65 km de Bodrum et 28 km de Milas, près de Kıyıkişlacık, un tranquille village de pêcheurs.


Lysimaques

Sur la petite route le premier vestige d’un mausolée romain indique que le site n’est plus très loin.




Dans le village, un musée étonnant connu sous le nom de balık pazarı (marché aux poissons) est composé d’une construction en carré autour d’une cour avec au centre les restes d’un mausolée antique. Quelques pierres significatives sont exposées. Elles proviennent des fouilles du site dont l’entrée se trouve près du petit port du village.




Le site de Iasos est occupé depuis bien longtemps, probablement depuis le Minoen moyen (2000-1580 av.JC) et là aussi des vestiges de constructions de type lélège ont été retrouvées par l’équipe italienne qui poursuit ses recherches sous la direction du Pr. Doro Levi.



La cité, insulaire autrefois, a subi l’invasion achéenne et dorienne. Elle fit alliance avec Athènes, et fut une possession de Mausole après avoir intégré l’empire perse. Pendant l’empire romain elle fut sans doute relativement prospère grâce au produit de la pêche. On dit qu’un artiste venu divertir la population avec ses poèmes et chansons vit les spectateurs quitter précipitamment le théâtre au son d’une cloche qui annonçait la vente de poissons. Seul un vieillard resta assis. Le poète le remercia de sa politesse pour ne pas avoir répondu à l’appel. « Comment ? La cloche ? Alors excuse-moi mais je dois te quitter », dit-il en s’éloignant aussi vite qu’il le pouvait…



La colline est couverte de végétation mais les ruines sont bien dégagées en particulier l’agora, le bouleutérion (sénat) avec un petit hémicycle et des gradins romains, le sanctuaire d’Artémis Astyas auquel on accède par un propylon (passage monumental), les remparts et les tours.






Une vaste villa romaine au sol couvert de mosaïques est à l’abri des intempéries sous une structure de protection. Certaines pièces portent des traces de fresques.






De la colline qui surplombe la mer on voit deux tours dont une en partie immergée. On pourrait l’atteindre en marchant sur les pierres qui affleurent si elles n’étaient pas si glissantes.



Plus prudent de s’abstenir et d’admirer le paysage, d’essayer d’identifier quelques fleurs au passage, longues tiges des lysimaques, majestueuses iris bleu ou clochettes délicates des campanules blanches.




On peut aussi rejoindre le port en longeant la côte pour déguster un poisson tout frais pêché au petit restaurant : "Ceyarın Yeri"

Et pour les turcophones, on peut conseiller la lecture d’un ouvrage publié par des membres de l’équipe archéologique : Daniela Baldoni/ Carlo Franco/ Paolo Belli/ Fede Berti, Iasos / Karia'da Bir Liman Kenti, Homer Kitapevi, 2004.