jeudi 10 mars 2011

Mardin

Puisque je n’ai pas pu suivre « 10 Kadın Sanatçı İnisyatifi » pour leur exposition à Mardin, j’y suis par la pensée en partageant ces quelques photos prises en 2002 lors d’un voyage qui a fortement impressionné ses participants et dont Mardin était l’une des perles.
A une trentaine de kilomètre de la frontière syrienne, la ville s’accroche au flanc d’un piton rocheux et domine le plateau mésopotamien. Les bâtisses ocre rose et les dômes de pierre caractéristiques constituent la parure de charme de cette cité inondée de soleil.


Les vestiges des diverses origines ethniques et confessions religieuses sont visibles partout dans ce musée à ciel ouvert. Clochers et minarets se fondent dans le paysage qui a vu défiler les Romains, les Byzantins, les Perses, les Abbassides, les Hamdanides, les Seldjoukides...
C'est sous la dynastie turkmène des Artukides (1108 à 1408) que la grande mosquée (Ulu Camii) et la medrese (Zinciriye - Sultan Isa- Medresesi - 1385) au pied de la citadelle furent construites. Du toit en terrasse de cette dernière, le panorama est fabuleux.


Une autre medrese (Kasımiye Medresesi) datant de 1469 est remarquable par son portail monumental et ses bâtiments sur deux étages organisés autour d'une cour intérieure agrémentée d'un bassin.





Les bâtiments de l'ancien patriarcat syriaque catholique datant de 1895 abritent aujourd'hui le musée de la ville tandis que les bureaux de la poste sont hébergés dans un ancien caravansérail du 17e siècle décoré d’une dentelle de pierre.

Musée de Mardin

La poste de Mardin


Les clochers des églises syriaques, chaldéennes ou arméniennes percent aussi le ciel de Mardin. La plus ancienne, l'église des Quarante-Martyrs, (Süryani Kadım Kırklar Kilisesi) date de 569.


Le monastère syriaque Mor Hananyo (Deyrulzafaran) a été construit vers 500 après JC. Il est situé à quelques kilomètres de Mardin. On dit qu’un temple dédié au culte du soleil, utilisé ensuite comme citadelle par les Romains existait à cet emplacement.



Les syriaques appartiennent à une communauté chrétienne orthodoxe d’origines assyriennes et araméennes, regroupée autour de leur église. Les cérémonies religieuses sont en langue syriaque proche de l’araméen.


Dans la rue principale, on peut admirer une superbe demeure dont les arcades s'ouvrent sur une cour intérieure. (Şahkulubey Konaği).


Une autre, la maison Erdoba, a été restaurée et transformée en hôtel luxueux.


Les monuments architecturaux reflètent bien l’enchevêtrement des cultures et des peuples qui se sont succédé ou ont cohabité en ces lieux, Syriaques, Juifs, Arabes, Kurdes, Arméniens et Turkmènes. Ils racontent une histoire millénaire de tolérance qu’on aurait souhaitée sans faille, et on y parle encore aujourd’hui plusieurs langues, même si les minorités se sont raréfiées.
L’artisanat a parait-il refleuri depuis quelques années avec le développement d’un tourisme encore timide. Mais les ruelles résonnaient déjà depuis longtemps du travail des chaudronniers et dans les échoppes, plateaux et récipients de cuivre attiraient le regard tout comme les bijoux et parures en argent finement ciselés ainsi que les peintures sous verre représentant, entre autre, la légendaire Şahmeran.
Nous avions visité les locaux du « ÇATOM » (Çok Amaçlı Toplum Merkezleri) qui hébergeaient un projet d’éducation et de développement économique des femmes, intégré au plus vaste projet « GAP ». Leurs travaux, résultats d’un savoir millénaire y étaient exposés et vendus pour autofinancer le projet.

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