lundi 31 janvier 2011

Pavillon impérial de la mosquée "Yeni Cami"

Bien agréable satisfaction que celle de faire partager à d’autres personnes ses émotions pour un lieu aussi fabuleux que le Hünkar Kasrı (pavillon impérial de la mosquée "Yeni Cami") dont je vous ai déjà parlé au printemps dernier. Ses portes ne sont toujours pas ouvertes au grand public, mais grâce à M. Mehmet Işık de l’agence Omegatur, La Passerelle a obtenu une autorisation spéciale. Les photographes amateurs qui nous accompagnaient, équipés d’appareils sans doute plus performants que le mien, s’en sont donné à cœur joie et la moisson doit être abondante ! Mais je ne suis pas trop mécontente des miennes dont voici une petite sélection…



Nous avons même eu le grand plaisir d’être accueillis par Mme Hatice Karakaya, l’architecte qui a dirigé les travaux de restauration, consolidation et restitution du pavillon et de bénéficier de ses explications. Notre guide M. Günder assurait la traduction pour les non turcophones.

Hatice Hanım et Günder Bey

La visite a duré une heure et j’ai lu dans beaucoup de regards l’émerveillement et l’émotion que j’avais ressentie lors de ma découverte des lieux en avril 2010. Les boiseries peintes, les marqueteries avec incrustation de nacre, ivoire et écailles de tortues, les plafonds en bois sculpté suivant les diverses techniques de l’art décoratif ottoman tel qu’il fut instauré dès le 15e siècle à Edirne, font de l’endroit un véritable musée de l’Edırnekârı (nom regroupant toutes les techniques et motifs décoratifs s’y rattachant). A cela s’ajoutent des vitraux mais aussi de merveilleuses céramiques d’Iznik qui recouvrent entièrement les murs et pour lesquelles je ne n’ai plus besoin de vous dire mon admiration.
Je n’ai qu’un regret, devoir attendre fin 2011, date prévue pour l’ouverture, pour y retourner aussi souvent que possible.





samedi 29 janvier 2011

Pain d’épices à ma façon

Les petits cochons en pain d’épices faisaient mon bonheur, tout autant que les manèges, quand mes parents m’emmenaient à la Foire du Trône, place de la Nation, avant qu’elle ne soit délocalisée en 1965 vers la pelouse de Reuilly à proximité du bois de Vincennes.



Pour la petite histoire, la tradition de cette fête foraine remonte au Moyen Age et la première s’installa dans l’enceinte de l’abbaye royale de Saint-Antoine en 957. Elle ressemblait plutôt à un vaste marché annuel. Le roi ayant interdit aux moines de laisser leurs cochons en liberté les jours de foire, ils auraient eu l’idée d’y vendre des petits cochons en pain d’épices. Après la destruction de l’abbaye à la révolution, la célèbre Foire de St Antoine rebaptisée Foire du Trône quand elle s’installa en 1847 sur le rond point de la future place de la Nation, fut une résurgence de cette manifestation commerciale. Il parait qu’en 1957, pour son millième anniversaire, les fameux petits cochons y étaient distribués généreusement par les forains déguisés en moines…



Les traditions se transmettant par les papilles de générations en générations, j’ai bien évidemment fait goûter du pain d’épices à mes enfants et ils en raffolaient... mais on ne pouvait pas rapporter des stocks dans nos valises. J’ai alors pris l’habitude d’en confectionner moi-même… Pas les petits cochons mais les pains d’épices !



 


En France, plusieurs régions revendiquent cette spécialité en particulier l’Alsace, la Champagne, la Bourgogne, le Nord - Pas de Calais et le Gâtinais, sous des formes différentes (bâtonnets, bonhommes, sapins, cœurs, étoiles, maisons…) parfois joliment décorées de sucres colorés.



On trouve la trace en Chine au 10e siècle d’un pain de miel très apprécié appelé mi-kong mais une recette un peu différente à base de miel et de farine n’était déjà pas inconnue du monde gréco-romain selon des écrits d’Homère et Virgile. Il faut noter aussi que le pain d’épices est traditionnellement associé à la distribution de friandises de Saint Nicolas (né à Patara en Lycie et évêque de la ville de Myre au début du 4e siècle). Ajoutons que les cavaliers mongols de Gengis Khan en avaient, parait-il, dans leur ration journalière. Mais cette pâtisserie n’a jamais, à ma connaissance, été revendiquée en Turquie où le pain d’épices était parfaitement inconnu et ignoré jusqu'à ce que la marque «Dr. Oetker» propose ici, il y a peu de temps, une version d’un mélange prêt à l’emploi sous le nom de «baharatlı kek».

J’ai lu récemment que la Croatie avait vu inscrire son « art du pain d'épices » au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le 16 novembre 2010.



Mais pour ce qui est des ingrédients, inutile de vous préciser qu’il y a tout ce qu’il faut sur place (au marché égyptien par exemple...) et il n’est donc pas difficile de confectionner soi-même cette pâtisserie dans sa version classique.



Voici la recette que j’ai retenue :

Ingrédients :
300g de farine, 1 sachet de levure, 1cuiller à thé de bicarbonate de soude, 2 cuillers à dessert de cannelle en poudre, 1 cuiller à thé de gingembre moulu, 2 cuillers à thé d’anis étoilé moulu, 1 cuiller à thé de cardamome en poudre.
150g de miel, 150ml de lait, 50g de sucre en poudre et 50g de beurre ou margarine.



Préparation :
Mettre la première série d’ingrédients dans un saladier
Faire fondre les autres dans une petite casserole à feu doux et laisser refroidir. Puis verser dans le saladier et mixer le tout, quelques minutes, pour obtenir une pâte homogène. Laisser reposer.
Beurrer un moule à cake et y verser la préparation.



Cuisson :
Environ 1 heure à four moyen (180o). On peut couvrir à mi-cuisson d’une feuille d’aluminium si le pain brunit trop vite.





Anis étoilée = Yıldız anason, Cannelle = Tarçın, Cardamome = Kakule, Gingembre = Zencefil, Miel = Bal

jeudi 27 janvier 2011

Feshane – Quartier d’Eyüp

On aperçoit le bâtiment "Feshane", reconnaissable à sa toiture verte, sur la rive droite de la Corne d'Or,
à l’extrémité de la passerelle piétonne (anciennes structures réhabilitées du précédent pont de Galata qui relia Karaköy et Eminönü de 1912 à 1994)
Feshane est le deuxième exemple de réhabilitation d’anciens bâtiments industriels à des fins culturelles. (Le premier étant le musée Rahmi Koç, musée des transports, de l’industrie et des communications, qui s’installa en 1991 dans l’ancien "Lengerhane", fonderie d’ancre au 18e siècle, et situé sur l’autre rive de la Corne d’Or). D’autres suivront : Modern Istanbul et Santral Istanbul

Après la dissolution du corps de janissaires par le sultan Mahmut II, l’armée dut être réorganisée. Le fez fit désormais partie de l’uniforme du soldat turc en tant que symbole de changement. Dans un premier temps, plus de la moitié des fez fut importée d’Autriche. Le sultan Abdülmecid décida donc la construction d’une manufacture capable de couvrir les besoins et la production débuta en 1839, d’abord pour fournir l’armée et plus tard les civils. Feshane est la première industrie textile turque.

Ceux-ci ne sont que des reproductions peu fidèles que l’on peut trouver au grand bazar
L’avènement de la République porta un coup fatal à la production de ce couvre-chef dont le port fut désormais interdit. Vers 1940 les bâtiments accueillirent la fabrique de tissus Sumerbank jusqu’en 1986 date à laquelle la manufacture dut fermer ses portes pour cause de pollution de la Corne d’or. Des travaux de démolition furent même commencés mais la bâtisse fut sauvée in extremis par la présentation d’un projet.
À partir de 1998, Feshane ouvre à nouveau ses portes, reconverti en espace d’expositions et de congrès suite aux importants travaux réalisés par la municipalité du Grand Istanbul. Les métiers de l’artisanat traditionnel y sont représentés dans 50 boutiques :
Bois sculptés, objets en cuivre, en bronze, en argent, verrerie, céramiques, cuirs, papiers marbrés, gravures, kilims et tapis, calligraphies et miniatures, bijouterie, chapellerie, peintures sur soie et tissus fins, broderies, sculptures d’écume de mer…On y déniche parfois quelque trouvaille intéressante…
Le grand parc de jeux et attractions peut faire le bonheur des petits…
Vue de la Corne d’Or depuis le café Pierre Loti à Eyüp

Et puisque c’est tout près, pourquoi ne pas aller prendre le téléphérique pour grimper jusqu'à la terrasse du café Pierre Loti, redescendre la colline en traversant le cimetière aux stèles séculaires côtoyant les grands cyprès, arbres de vie pour certains, symbole de chagrin éternel pour d’autres…


Pourquoi ne pas s’attarder un peu dans les ruelles pour découvrir les anciennes maisons en bois, visiter les hauts lieux de pèlerinage musulman, la mosquée et le mausolée recouvert de céramique d'Iznik d’Eyüp Sultan, compagnon du prophète Mahomet, tombé sous les murs de Constantinople en 670.





mercredi 26 janvier 2011

Aspendos Perge Termessos

Envie de partir découvrir autre chose, de changer d’horizon ? C’est bien souvent une sensation qui vous submerge en plein hiver quand le moment n’est pas encore propice aux déplacements…
Pour patienter, en attendant de réaliser des projets au printemps on peut toujours se replonger dans les albums, rafraichir ses souvenirs de belles excursions passées et avoir envie de les partager…

Mais auparavant il fallait trouver un moyen de numériser les négatifs ou les photos. C’est chose faite avec l’acquisition d’un petit scanner qui n’offre certes pas une qualité de pro mais qui me satisfait… pour l’instant !
Voici donc quelques photos et impressions d'un voyage réalisé en 2003, année pas si lointaine, quand je n’avais pas d’appareil numérique et pas encore commencé ce blog…

Mettons le cap plein Sud en direction d’Antalya pour découvrir un site enchanteur de Pisidie et deux autres en Pamphylie, nom signifiant «toutes les tribus» qui me plait bien par son allusion à la diversité des populations qui s’installèrent dans la région et se mêlèrent aux autochtones : Hittites, Grecs, Phéniciens, Perses, Romains, Galates… avant l’arrivée des peuples turcs Seldjoukides et Ottomans.

Encadrée par les monts Taurus et les pieds dans l’eau bleue de la méditerranée, la région est paradisiaque et l’on comprend facilement l’engouement de tous ceux qui y ont un jour posé le pied ! Les visites sont d’autant plus agréables que les touristes de passage sont généralement occupés à se dorer sur les plages.

Aspendos est à 45 km d’Antalya. Ce site archéologique est composé principalement de deux vestiges romains remarquables: l’impressionnant aqueduc datant du IIe siècle qui donna à la ville un approvisionnement confortable en eau et le théâtre de la même époque construit par l’architecte Zenon sous le règne de Marc Aurèle. Le superbe édifice en demi-cercle dont on peut encore tester l’acoustique est exceptionnellement bien conservé. Il pouvait accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs.






Perge se situe à 22 km d’Antalya. Ce site est plus évocateur de la vie antique que le précédent. De nombreux vestiges témoignent encore de la prospérité de cette cité gréco-romaine. La longue voie ornée de colonnes vous invite à découvrir les lieux, une autre à portiques se termine par une fontaine monumentale (nymphéa) où parfois une chèvre audacieuse vient rendre une visite au dieu du fleuve, Kestros, représenté allongé. La promenade peut se prolonger parmi les thermes romains et propylées, vers l’agora, le stade long de 230m et le théâtre antique, la nécropole. Et vous ne pourrez pas manquer les deux tours hellénistiques emblématiques du site.










Termessos se trouve au sud de la Pisidie à 34 km au nord-ouest d’Antalya, et donc très proche de la Pamphylie. Mais ses habitants, beaucoup moins accueillants que leurs voisins pamphiliens, résistèrent efficacement à toutes les intrusions et veillèrent à conserver leur indépendance. On dit qu’Alexandre le Grand assiégea la ville mais dut renoncer à sa conquête, les barrières naturelles la rendant imprenable. Il déversera sa colère sur une autre cité pisidienne plus au nord, Sagalassos, que j’espère bien visiter un jour…

A l’époque où les Romains deviennent les maîtres de l’Asie Mineure, les Termessiens choisiront de les soutenir et seront récompensés par un statut d’indépendance. La cité va prospérer aux II et IIIe siècles et devenir l'une des plus riches et des plus civilisées. La plupart des vestiges du site date de cette époque.









L'antique cité perchée à plus de 1000m sur un plateau entre deux sommets des monts Güllük fut définitivement désertée au Ve siècle suite à un séisme de grande amplitude. Le chaos marque pour l’éternité le paysage grandiose avec ses sarcophages béants, colonnes effondrées et statues brisées mais certains éléments architecturaux témoignent encore de sa beauté, comme le fabuleux théâtre étonnement bien conservé où il suffit de s’asseoir un moment et se laisser porter par son imagination.





Plus à l’écart, des tombeaux rupestres creusés dans le flanc de la montagne comme on en trouve en Lycie, la province voisine, attestent du passage de ces bâtisseurs lyciens et offrent une belle occasion de flâner encore dans ces lieux envoûtants.
Ce site n’a pas fait l’objet de fouilles importantes ni de reconstitutions et les archéologues venus sur les lieux se sont limités à l’inventaire des ruines visibles. Il semble continuer à résister comme par le passé aux intrusions et j'ai considéré comme un cadeau le privilège de le découvrir, après la longue ascension d'une petite route sinueuse se frayant un passage dans un spectaculaire parc national.


      
 

mardi 25 janvier 2011

A.Halim Kulaksız, au Maksem, place Taksim

La galerie : « Taksim Cumhuriyet Sanat Galerisi » célèbre le 50e anniversaire de photographies de A.Halim Kulaksız.




Quelques unes de ses photos panoramiques publiées dans “Siluetler Şehri İstanbul” (Istanbul, La Cité des Silhouettes) y sont exposées jusqu’au 31 janvier 2011.



Une autre occasion de découvrir l’intérieur de l’historique réservoir ottoman, "maksem"…


samedi 22 janvier 2011

Des rues piétonnes dans les quartiers historiques

Dans les quartiers de Sultanahmet, Beyazıt et Sirkeci, les rues piétonnes se sont multipliées depuis le début de l’année 2011… pas moins de 90 paraît-il ! Les voitures seraient-elles enfin mises au ban de la circulation dans les quartiers historiques ?
Flâner dans Eminönü sans être rappelé à l’ordre par des coups de klaxon intempestifs est désormais possible aussi. On peut enfin quitter des yeux son bout de trottoir et les lever pour mieux apprécier les ensembles architecturaux administratifs et commerciaux, moins connus que les imposants édifices religieux des siècles précédents mais tout aussi historiques, comme la Poste ou ce magnifique bâtiment de la banque Yapı Kredi. Je ne l’avais jamais remarqué avant et pourtant je suis passée  des centaines de fois! ...

lundi 17 janvier 2011

Colonnes du Trône, place de la Nation

Les colonnes du Trône, édifiées en 1785 sur un projet de l’architecte Nicolas Ledoux (terminées en 1845) pour marquer une des entrées majeures dans la ville de Paris, ont retrouvé leur éclat après plus de deux années de restauration laborieuse. On s’attendait à un simple ravalement mais la pollution et les intempéries avaient provoqué des dégâts en profondeur. Des affiches explicatives informaient de l’ampleur des travaux engagés.
Statue de St Louis et allégorie de la justice (côté 11e)
Les échafaudages et palissades sont enfin démontés. Les figures allégoriques sont maintenant bien visibles : la colonne située dans le 11e arrondissement présente la Justice (Pierre-Charles Simart) coté place de la Nation, et la Paix (Antoine Desbœuf) coté cours de Vincennes. La colonne située dans le 12e arrondissement présente l'Abondance (Pierre-Charles Simart) coté place de la Nation, et la Victoire (Antoine Desbœuf) coté cours de Vincennes. Les deux statues de bronze installées en 1845 en haut des colonnes ont également bénéficié d’un sérieux lifting. Saint Louis (côté 11e) et Philippe Auguste (côté 12e), avaient été choisis pour leurs liens avec Vincennes (le premier rendait la justice sous un chêne du bois, et le second avait fait du château de Vincennes sa résidence royale). Ils invitent de nouveau les visiteurs à entrer dans la capitale par la place de la Nation.
Il parait que des petits chanceux ont eu le privilège d’escalader les marches de l’escalier intérieur qui colimaçonne jusqu’au balcon… Une prochaine fois je tenterai de m’en faire ouvrir la porte…


Voici donc les silhouettes familières qui percent le ciel du quartier de mon enfance et accueillent encore mes séjours parisiens.