mercredi 28 avril 2010

"Pide" à Tahtakale


A Tahtakale, se cache une vitrine qui ne paye pas de mine… Mais quand je suis dans le coin, je ne résiste pas à l’envie d’y dévorer un pide à la façon Karadeniz. Rares sont les touristes qui s’y égarent mais les commerçants des alentours connaissent bien l’adresse : Tarihi kardeşler pidecisi, uzun çarşı cad. No 294 Tahtakale Eminönü, dans la rue perpendiculaire à la mosquée Rüstem Pacha. Ici pas de décoration pseudo ottomane, de nappe ni de fleurette. C’est sur une tablette étroite que vous dégusterez le pide au fromage ou à la viande hachée, avec ou sans œuf, accompagné de ses petits piments doux en saumure (biber turşusu). C’est avec un carré de papier un peu rêche que vous vous essuierez les doigts, si vous avez négligé l’utilisation de la fourchette.
Mais c’est avec le sourire serein d’une mission bien accomplie, la satisfaction de ses clients, que le serveur vous annoncera la légère addition au moment de partir. 
   

Je ne suis pas la seule à y avoir mes habitudes. Le journaliste, écrivain Artun Ünsal, auteur du fameux livre Istanbul la magnifique, propos de tables et recettes, (R. Laffont, 1991) est aussi passé par là et un de ses articles, découpé dans un journal, y est fièrement affiché.



mardi 27 avril 2010

Le pavillon impérial de la "Yeni Camii" à Eminönü


J’ai eu aujourd'hui la chance de parcourir quelques instants les pièces de cet édifice remarquable, nouvellement restauré. Un long et large corridor pentu mène aux appartements dont les murs sont décorés de carreaux d’Iznik. Un accès direct conduit à la loge impériale située dans la galerie supérieure de la mosquée.
Les travaux de restauration, consolidation et restitution ont été dirigés par l’architecte Hatice Karakaya de 2005 à 2009, avec le soutien financier de la chambre de commerce d’Istanbul (ITO). Des photos, témoignant du travail effectué, sont affichées de chaque côté du corridor.


Cette initiative exemplaire pour sauvegarder le pavillon (Hünkar Kasrı) a été récompensée par Europa Nostra.Créée en 1963, Europa Nostra est une fédération pan-européenne représentée dans trente-cinq pays, et regroupant plus de deux cents organisations non gouvernementales dédiées au patrimoine. Elle se propose entre autre d'encourager la protection et la valorisation du patrimoine, de sensibiliser le grand public à ces questions, et de promouvoir une certaine norme de qualité architecturale et urbaine.
L’ouverture du pavillon impérial au public est prévue pour juin 2010.


lundi 26 avril 2010

La mosquée de la Nouvelle Sultane-Mère (Yeni Camii)


Sans être sur les hauteurs, elle impose sa silhouette majestueuse, reconnaissable à ses deux minarets à trois balcons. Elle profite de la vue bien dégagée qu’offre l’entrée de la Corne d’Or et, depuis le pont de Galata, nous invite à sillonner les ruelles colorées du quartier commerçant d’Eminönu envahies en permanence d’une foule hétéroclite.
Carrefour de communication, l’endroit connaît une circulation intense, mais contrairement aux autres mosquées historiques d’Istanbul, bien peu de passants prennent le temps de la visiter. Son nom peut être n’incite pas les curieux au détour… Nouvelle mosquée ? Les touristes sont là pour voir de l’ancien, du classique, ou bien à l’opposé ils sont venus pour découvrir la nouvelle marotte de la ville… l’art moderne. Ce nom ne leur inspire aucune curiosité… D’autres mosquées ont une renommée plus imposante. Celle-ci ne semble plus se caractériser que par la colonie de pigeons bien installée sur le parvis et abondamment nourrie par les passants, sacrifiant au rituel achat d’une coupelle de graines.

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Et pourtant l’histoire de la construction de cet édifice religieux, de son vrai nom Yeni Valide Sultan Camii est intéressante.
Les premiers travaux furent lancés en 1597 par la sultane Safiye, épouse de Murat III (1574-1595) et mère de Mehmet III (1595-1603), sur les plans de l’architecte du palais Davut Ağa, élève de Sinan. Celui-ci ne va pas conduire les travaux très longtemps, victime de la peste en 1598. Un nouvel architecte lui succède, Dalgiç Ahmed Aga, et reprend les travaux mais Mehmet III décède en 1603 et la sultane-mère est déchue de sa position influente dans le harem.
Le nouveau sultan, Ahmet Ier, a d’autres projets : il commande à l’architecte Sedefkâr Mehmet Ağa sa mosquée aux six minarets, qui sera édifiée entre 1609 et 1617.
La construction de la mosquée de l’ancienne Valide Sultan est interrompue pendant plus d’un demi-siècle et une autre Valide Sultan, Turhan Hatice, mère de Mehmet IV (1648-1687), ordonnera en 1660 sa remise en chantier à l’architecte Mustafa Ağa. En 1663, les portes s’ouvriront enfin pour la prière.
La mosquée de la Nouvelle Sultane-Mère sera dotée de dépendances formant un complexe (külliye).
Le complexe comprenait un hôpital, une école primaire, un mausolée (türbe), deux fontaines publiques dont une fontaine sebil remarquable qui sera prise pour modèle dans les constructions du 18e siècle, un hammam et un marché couvert (mısır çarşısı). Les profits générés par ces 2 derniers éléments finançaient l’ensemble. Une bibliothèque sera ajoutée sous le règne du sultan Ahmet III.


Le mausolée (türbe) abrite les sépultures de la Valide Sultan Turhan Hatice, de son fils Mehmed IV ainsi que de cinq autres sultans (Mustafa II, Ahmet II, Mahmud II, Osman II et Murad V) et divers membres de la cour. Il est ouvert aux visites. Le hammam, l’école et l’hôpital n’existe plus.















Au milieu de la cour carrée, on peut admirer la jolie fontaine aux ablutions (şadırvan) de forme octogonale avec grilles ouvragées et sculptures ciselées.
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Les faïences d’Iznik de la période tardive qui décorent les murs intérieurs et extérieurs ne sont pas aussi remarquables que celles de la mosquée Rüstem Pacha, sa toute proche voisine, mais elles ont un charme certain. Leurs teintes bleutées et la finesse des décors floraux me plaisent beaucoup, en particulier une interprétation des motifs de jacinthes.
Pour les amateurs d’architecture cette mosquée vaut donc le détour et mérite une visite.
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Mais ce qui fait son charme particulier c’est le pavillon impérial, "hünkar kasrı", percé d’un large portail voûté sous lequel se faufilait une rue. Ce pavillon, entièrement restauré récemment (de 2005 à 2009) mais longtemps laissé à l’état de ruine et caché par des bâtisses disgracieuses, s’offre désormais aux regards des passants.

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En contournant la mosquée on découvre la rampe permettant d’accéder au pavillon. C’est dans l’hünkar kasrı que s’installaient le sultan et sa famille lorsqu’ils venaient prier, en particulier pendant le mois du ramadan. Les appartements comprenaient salon, chambres à coucher, toilettes et cuisines.


Les travaux de restauration, consolidation et restitution ont été dirigés par l’architecte Hatice Karakaya avec le soutien financier de la chambre de commerce d’Istanbul (ITO).
Une équipe de 50 spécialistes est intervenue. Un album de 3000 photos en retrace les étapes. En premier lieu elles ont concerné la toiture et la protection des éléments architecturaux existants, et ensuite la restauration des éléments décoratifs des poutres, des céramiques, des portes et volets en bois incrustés de nacre, des vitraux en plâtres, des peintures et dorures sur bois sur les murs, les plafonds…
Un travail impressionnant !

Historique de la restauration: “Yeni Cami Hünkar Kasrı Restorasyon Hikayesi” :
http://www.restoraturk.com/koruma-ve-restorasyon/402-yenicami-hunkar-kasri-restorasyon-kikayesi.html
Les étapes de la restauration en photos :
http://www.gaxxi.com/bayramic1864/azerestorasyon/bolum/hunkar-kasri-calismalari

A noter: La restauration du pavillon impérial de la mosquée de la Nouvelle Sultane-mère a été distinguée au concours Europa Nostra et figure parmi les lauréats 2010.

Les récompenses seront présentées lors de la 8e cérémonie annuelle européenne de remise des Prix du Patrimoine qui aura lieu à Aya Irina à Istanbul en Turquie le 10 juin 2010, dans le cadre du Congrès annuel d’Europa Nostra. Ces événements contribuent également aux célébrations d’Istanbul comme capitale européenne de la Culture 2010 et sont inclus dans le programme officiel d’Istanbul 2010.
Il ne nous reste plus qu’à attendre de pouvoir visiter cette merveille ! En juin, parait-il...

vendredi 23 avril 2010

Bonne fête les enfants !

Je vous offre en cadeau les derniers pétales de tulipes de l’année, photographiés hier sur la place d’Eminönü. Des dizaines de jardinières donnent un air de fête à ce lieu qui a bien perdu de ses couleurs depuis que les marchands à la sauvette en ont été chassés… mais qui a gagné en accessibilité. La vue d’ensemble dégagée a mis en valeur des architectures historiques oubliées... dont je vous parlerai une autre fois
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Aujourd’hui, la place ne changera pas beaucoup d’aspect et gardera son ambiance habituelle. Les commerçants ne sont pas en congés !
Les enfants feront la fête ailleurs…

Petit rappel : Le 23 avril 1920 se réunissait à Ankara la Grande Assemblée nationale turque. Pour s’opposer au sultan et à ses protecteurs impérialistes, elle remettait le pouvoir à un gouvernement présidé par Mustafa Kemal.
La lutte pour une Turquie indépendante commençait.
Pour commémorer cette journée, Atatürk la dédia aux enfants, symbolique geste pour un avenir plein d'espoir. Depuis 1929 c’est un jour férié : la Fête de la Souveraineté Nationale et de l’Enfance.
De grands rassemblements sont organisés et les enfants du monde entier sont invités à y participer.


mardi 20 avril 2010

Fermeture de l'association "ELELE"

Tristesse et désolation…

Lors de mes séjours parisiens, j’avais eu l’occasion de découvrir ce lieu d’écoute et d’échanges fructueux, au 20 rue de la Pierre Levée dans le 11e arrondissement.
Ce vrai lieu de double culture et de partage, avait par la suite déménagé au 8 rue Martel dans le 10e , sans que l'enthousiasme des uns et des autres ne soit entamé.
Il vient de fermer ses portes.
Je tiens à apporter mon modeste soutien en relayant l’information… et le lien de la pétition:
http://jesigne.fr/sign/list/pourqueviveelele

"Main dans la main" fut le programme de l’association bien nommée "elele", qui a développé depuis 25 ans un accompagnement social et professionnel pour les ressortissants turcs et la population issue de cette migration.
Des échanges interculturels, des formations, des actions pour les droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de violences à leur encontre, des activités diverses permettant l’insertion et l’autonomisation des femmes et des enfants pour une meilleure intégration dans la société française ont été mis en place avec succès et reconnus d’utilité publique…
Mais l'association a été obligée de déposer le bilan suite à la décision de la part des deux ministères de tutelle de ne pas renouveler leurs conventions, et qui s’est concrétisée par la fin des subventions.

Madame Gaye Petek, directrice de « Elele », a fait une déclaration le vendredi 9 avril 2010, à la mairie du Xème arrondissement de Paris expliquant la décision du conseil d’administration de refuser les financements soumis à l’avenir à des appels d’offres du secteur privé, limitant la liberté d’action de l’association et justifiant donc sa fermeture contrainte et forcée.

Extraits du dernier bulletin d'information d'Elele
« …Nous avons cherché à construire des passerelles et aspiré à une meilleure intégration de chacun afin de réussir ce «vivre ensemble» cher à la République… »
« …J’ai, au seuil de la fin de cette histoire, une pensée pour toutes les personnes, salariées, bénévoles, qui ont fait ELELE avec moi, pour mon équipe actuelle dont je salue la dignité face à l’épreuve, pour les milliers de migrants qui trouvaient réponses, soutien, accompagnement, pour les centaines de femmes victimes de violence qu’ELELE rassurait, pour celles qui venaient y apprendre le français et qui se sentent « lâchées » par cette France qui leur parle pourtant «d’identité nationale». Je pense à tous ces jeunes franco-turcs et au désaveu de leur aspiration : la reconnaissance de leur diversité. Je voudrais leur dire que l’important, comme le disait le poète, « c’est de ne pas se rendre ». Peut-être un jour y aura-t-il des petits bourgeons d’ELELE et puis forcément, nous nous reverrons dans d’autres circonstances, à travers d’autres chemins partagés main dans la main... »
Gaye Petek

vendredi 16 avril 2010

Istanbul dans Télématin

Les fidèles de l’émission "Télématin" (sur TV5monde ou France2) ont pu suivre aujourd’hui, dans la chronique "Partir" présentée par Marie-Dominique Perrin, un bref mais élogieux reportage sur Istanbul.
Je cite : "Ville pluri culturelle, jeune et dynamique, propre et fleurie, étonnante et attachante..."
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Vous pouvez visionner ce survol éclair d'Istanbul en 5 minutes chrono ici:
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Une petite remarque cependant: Un week-end me parait un séjour un peu court même pour découvrir seulement ce qui est évoqué dans la chronique… Alors à fortiori pour profiter de tout ce qui n’a pas été cité !
Mais ne soyons pas trop critique... Ce reportage donnera sans doute envie de connaître cette ville attrayante et surprenante!
... Et puis, une rectification pour les puristes... La basilique Ste Sophie et la mosquée bleue ne sont pas de chaque côté du Bosphore, mais bien du même côté européen et se font face ... de chaque côté de la place Sultanahmet.
Mais si on fait toutes les visites au cours d'un week-end intensif, on peut évidemment faire des confusions... entre les deux rives! Soyons indulgents!

dimanche 11 avril 2010

Et toujours des tulipes...

Un peu palôt, le soleil d'aujourd'hui! Pourtant c’était le moment de profiter de la floraison des tulipes! Ça ne va plus durer longtemps.
Une promenade au parc d’Emirgan permet aux botanistes amateurs d’apprendre le nom de toutes ces belles dames aux robes chatoyantes, de mousseline ou de velours, qui se pressent en rangs serrés, avec parfois une étourdie qui s’est trompée de parterre… et puis d’autres qui préfèrent la diversité et le mélange des variétés !
Je vous laisse admirer cette collection printemps 2010, pour vous faire partager un petit plaisir stambouliote.

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Les tulipes vont se fâner et laisser la place à un autre plaisir des yeux. La floraison des arbres de Judée va très bientôt colorer de rose les collines bordant le Bosphore pour un spectacle éphémère!
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Voir aussi le message du lundi 5 avril 2010:

mercredi 7 avril 2010

Souvenirs d’enfance d’une fille unique

Le vol au vent de la tante Marthe à Autun

Dans la petite rue Aux Cordiers, je me souviens de l’excellence d’un repas partagé dans l’arrière boutique sombre et poussiéreuse d’un pianiste aveugle, vendeur et accordeur de piano, époux de la sœur de mon grand père paternel.
Un sourire figé dans un visage sans ride et lumineux accompagnait cet homme aux cheveux blancs, de belle allure, habillé avec une grande élégance, calme et serein. Il avait fait de la musique son univers depuis qu’à l’âge de sept ans ses yeux bleus n’avaient plus discerné la moindre clarté. On lui avait choisi pour compagne une frêle jeune fille à l’esprit vif, un peu étourdie et ronchonne mais dévouée corps et âme à son artiste de mari. Ils avaient beaucoup voyagé ensemble et elle avait été sa canne blanche quand il donnait des concerts… jusqu’en Chine parait-il !
Elle avait sans doute très vite renoncé à toute coquetterie… A quoi bon puisqu’il ne la voyait pas. Elle n’avait pas pris la peine non plus de décorer agréablement ce logis sombre… et les cadeaux de mariage, les souvenirs de voyage, étaient restés dans les cartons qui s’empilaient dans le grenier.
Elle en sortait quelques trésors à l’occasion. Porcelaine fine, verres en cristal et argenterie, le couvert était dressé ce jour là comme pour un repas de cérémonie et j’en restais éblouie… Elle s’agitait sans cesse autour de cette table, dans une robe d’une couleur indéfinissable et cachée en partie par un tablier de cotonnade Liberty où les petites fleurs mauves se noyaient dans la grisaille… Un tablier du dimanche sans doute… Ménagère distraite mais fin cordon bleu, elle avait fini par apporter cette merveille, un vol au vent à la croûte dorée et légère débordant d’une sauce financière exquise avec champignons, jambon, quenelles et olives vertes. Vol au vent… nom évocateur de prometteurs délices ! Et le fumet avait épanoui le sourire de l’homme comme quelques heures plus tard, quand ses doigts se mettraient à courir sur les touches de son piano préféré…

J’ai gardé de cette visite un cadeau de l’oncle Bouilleur : un harmonica, (Alpina - koch- made in Germany) mais dans mon souvenir, le vol au vent est pour toujours lié à quelques vibrations harmonieuses de cordes, dans la pénombre d’un magasin que personne ne songeait à éclairer.
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Nous sommes repartis, mes parents devant et moi derrière entre mes grands parents dans la Peugeot 203 noire d’occasion, récemment acquise par mon père. Sa première voiture !

lundi 5 avril 2010

C’est le temps des tulipes à Istanbul !

Du 2 au 8 avril 2010... et un peu plus!





Le 5e festival international des tulipes est commencé et, cette année encore, on va en voir de toutes les couleurs : 9 millions 300 milles oignons de 82 variétés différentes ont été plantés!


... Où ça ?
Au parc d’Emirgan, place Taksim, au parc d’Hidiv, dans le Jardin de Göztepe, le parc de Büyük Çamlıca, la place de Sultanahmet et le parc de Gülhane qui sont aussi le théâtre d’expositions et de concerts. Mais il y en a dans toute la ville... sur les trottoirs du "Barbaros bulvarı" par exemple...
Istanbul a offert à notre regard 45 millions de tulipes depuis le 1er festival en 2005.
"İstanbul Lalesiyle Buluşuyor!"... (voir le message du vendredi 10 avril 2009: 4e Festival International de la Tulipe à Istanbul )

...que l'on peut traduire par: Istanbul retrouve ses tulipes!

Ce qui se concrétise par un déplacement dominical en masse des Stambouliotes vers les lieux de rendez-vous, en particulier le parc d'Emirgan qui n'a pas attendu les festivals pour offrir des parterres enchanteurs aux visiteurs.
Une promenade printannière qu'il vaut mieux faire en semaine si possible!
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Au début du 18e siècle, pendant le règne d’Ahmet III, l’Empire Ottoman connu quelques années pacifiques propices à l’épanouissement des arts et des lettres, en particulier les arts décoratifs et la poésie. Dans les jardins du palais, des fêtes somptueuses étaient organisées, chaque printemps, en l’honneur des tulipes. La fleur, devint le symbole de cette époque appelée Lâle Devri, Période des Tulipes (1718-1730).
Mais la tulipe qui croissait à l’état sauvage, avait déjà été cultivée et ornait depuis longtemps les palais impériaux. Un diplomate à la cour de Soliman le Magnifique sera émerveillé par la beauté de ces fleurs et enverra quelques bulbes à son ami hollandais, un certain Charles de l'Ecluse (1526-1609) célèbre botaniste… Vous connaissez la suite !

dimanche 4 avril 2010

Mosquée Petite Ste Sophie (Küçük Aya Sofya camii)


Dans cette histoire la grande est plus jeune que la petite mais, c’est incontestable, elles ont un air de famille. Construite sous Justinien comme le fut aussi l’imposante basilique Ste Sophie (532/537), la petite église byzantine, de son vrai nom église de Saint-Serge-et-Bacchus (527/535) fut "débaptisée" au moment de sa transformation en mosquée sous le règne de Beyazıt II, fils et successeur de Mehmet le conquérant, celui qui avait ordonné, lors de la prise de Constantinople, la transformation de la célèbre basilique en mosquée pour venir y prier.
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Contrairement à la Grande qui est aujourd’hui un musée, la petite est toujours un lieu de culte musulman… qui a l’originalité d’abriter des fonds baptismaux.
Une décoration toute en finesse : frises, corniches, chapiteaux sculptés, colonnes de marbres rouge et vert sont là pour témoigner de son passé et se mêlent harmonieusement avec les éléments islamiques rajoutés. La galerie supérieure offre une superbe vue de l’ensemble.
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Restaurée dans les années 2005-2007, son accès est maintenant bien dégagé et elle trône dans un ilot de verdure. L’intérieur est un écrin précieux où la lumière rentre à flot. Le jardin et l’ancienne medrese, qui abrite aujourd’hui des ateliers d’art décoratif (ebru – papier marbré, hat - calligraphie, tezhip - enluminure, incrustation de nacre… ainsi qu’un café en plein air, invitent à une pause détente pour prolonger le petit bonheur de cette visite. A deux pas de Sultanahmet, mais loin de la foule !

Küçük Ayasofya Mahalesi, Hüseyin Ağa Medresesi, Kadırga-Sultanahmet/İstanbul


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Une bien curieuse collection de turbans…
Les stèles ayant sans doute disparues, l’idée est venue d’exposer les coiffes de pierre sur ce pan de mur, derrière la mosquée.