samedi 5 décembre 2009

Chapeaux feutrés à Sultanahmet

En déambulant dans les petites rues du quartier de Sultanahmet, on peut se perdre en cherchant une adresse que l’on ne trouvera peut être jamais... Et tomber en arrêt devant une vitrine étonnante…
De quoi égayer le trimestre hivernal qui ne va pas tarder maintenant à pointer son nez...


Près de 80 % de la chaleur du corps sort par le sommet du crâne. Se couvrir la tête d'un couvre-chef, c'est tout simplement réduire la déperdition de chaleur du corps tout entier. On dit qu'un porteur de chapeau aura besoin de moins grosses chaussettes pour garder ses pieds au chaud en hiver! Et quand il est en feutre… il est aussi imperméable !

Le feutre, « Keçe », est une étoffe non tissée obtenue par une technique de compression de fibres animales comme la laine de mouton ou les poils de lapin de chèvre ou de chameau. Pour obtenir cet enchevêtrement, les fibres sont soumises à l'action combinée de la chaleur humide et du mouvement.
La technique de « tepme keçecilik » (fabrication par piétinement) est l’une des plus anciennes. Elle fut utilisée par les Ouïgours et amenée d’Asie Centrale en Anatolie par les Turcs. La yourte mongole des peuples nomades était recouverte de cette étoffe qui constituait un isolant efficace contre le froid et la neige. La fabrication du feutre fut probablement une découverte accidentelle. Elle remonte à quatre millénaires : des pièces de vêtement complètes ont été retrouvées en Sibérie, préservées dans la glace, à l’intérieur des tombes.

Revêtements de sol, tapis décoratifs ou tapis de prière, coussins, revêtements de selles, tentes, mais aussi des vêtements comme les capes de bergers, bottes, chaussettes, chaussons tout doux, tout chauds… Le feutre est encore fabriqué dans certaines villes comme Afyon, Şanlıurfa, Konya, Balikesir, Izmir, Kars et Erzurum.

Le feutre peut être moulé. Il conserve sa forme en souplesse et se prête donc particulièrement bien à la fabrication des chapeaux. Ce procédé s’appelle « le dressage ». De plus, le feutre peut être coupé sans s’effilocher. On évite ainsi rabats et ourlets inconfortables.
On connaît l’importance et la valeur symbolique du couvre chef dans l’histoire vestimentaire turque.
Le port du fez de feutre grenat a été banni depuis l’avènement de la République. Ce qui n’empêche pas les turcs de nous en faire voir… de toutes les couleurs !


Texte et photos publiés dans le No 42 de "La Passerelle" -Janvier 2007

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