mercredi 18 novembre 2009

La citerne de Philoxenus... et celle de Théodose


Un enthousiasme un peu trop hâtif m’avait fait écrire le texte qui suit fin 2006… (publié dans le journal de La Passerelle No 41)

Capitale Européenne de la Culture en 2010, Istanbul se prépare activement à l’évènement. La culture dans tous ses états est accueillie à bras ouverts par la ville. Festivals, biennales, expositions, ouvertures ou rénovations de musées se succèdent à un rythme soutenu et l’on a parfois du mal à suivre. La presse s’en fait l’écho régulièrement et j’ai voulu vérifier ce qu’elle annonçait à propos de la citerne des mille et une colonnes.
Moins vaste que la citerne basilique mais plus ancienne, elle se situe également dans le quartier de Sultanahmet en face du tribunal, (adliye). Les ottomans, admiratifs, lui donnèrent le nom de « binbirdirek » bien que la citerne n’ait que 224 colonnes, ou peut être « bindirdirek », impressionnés par la singularité des colonnes superposées. C’est la première version qui est retenue généralement aujourd’hui.

Construite vers 330 sous le règne de Constantin le Grand elle aurait été commandée par Philoxenus, un sénateur romain sous le nom duquel on désigne aussi parfois la citerne.

Restaurée il y a quelques années et utilisée malheureusement depuis 5 ans comme centre touristique et commercial, essentiellement des bars, des restaurants et des boutiques de souvenirs, elle va devenir un musée. Bonne nouvelle ! Malgré son nom enchanteur évoquant les contes de Shérazade, le lieu a été amputé cependant d’une grande partie de son charme initial par la surélévation importante du sol au cours de la rénovation. En effet, la particularité de cette citerne tient dans la hauteur surprenante de ses colonnes composées de 2 fûts superposés et reliés par une bague de marbre qui soutiennent les voûtes 15 mètres plus haut. Cela n’est plus visible que sur une surface très restreinte préservée heureusement et témoignant du passé. Mais pourquoi avoir remblayé tout le reste ? Regrettable initiative et parfait exemple d’intervention abusive mais il semble que l’on veut réparer l’erreur ou au moins la faire oublier en redonnant à la citerne un peu de sa noblesse. De centre commercial elle va devenir centre culturel. Un programme de concerts et d’expositions est prévu et devrait démarrer à l'occasion du ramadan.
Début septembre 2006, toutes les boutiques et cafés étaient effectivement fermés et l’espace central était occupé par une centaine de tables installées pour un grand tournoi d’échec, mais je n’ai pas constaté la moindre installation ressemblant de près ou de loin aux aménagements précédant un évènement artistique. Une maquette de 2,80m reproduisant le palais du Boucoléon, résidence maritime dans l’enceinte du grand palais des empereurs byzantins, ainsi que des reconstitutions en trois dimensions occupent cependant la partie la plus éloignée de l’entrée. Naissance timide mais prometteuse par le choix du thème puisque le lieu est contemporain du Palais. Si le musée-citerne d’Istanbul devient l’écrin des palais byzantins engloutis, la curiosité va me pousser à refaire un petit tour du coté de Sultanahmet bientôt…

J’y suis retournée au printemps 2009 et l’endroit était lugubre, sans la moindre trace d’une quelconque activité culturelle. Le billet d’entrée de 10TL inclut une boisson chaude… maigre réconfort ! Des seaux sont dispersés un peu partout pour récupérer l’eau qui suinte des voûtes…

A tout hasard j’ai dirigé mes pas vers la citerne de Théodose, "Şerefiye Sarnıcı", construite entre 428 et 443 sous le règne de Théodose II
Elle constitue le sous sol du bâtiment bleu (anciennement mairie d’Eminönü), Piyerloti caddesi.


Ses 32 colonnes ne sont actuellement plus visibles car la porte est close… pour cause de restauration.
Réouverture incertaine, peut être en 2010…


4 commentaires:

  1. Oh la la!!!! Il va y avoir des choses a visiter en 2010! Pas de découragement!

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  2. La citerne a été détruite avec une pelleteuse, il y a deux jours lors de l'élimination du bâtiment municipal. Une honte de faire ça l'année ou Istanbul est désignée capitale européenne de la culture et se rengorge de ce fait partout dans le monde.

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  3. Ce n’est pas ce qui est annoncé dans la presse turque du 9 et 10 mars 2010. En effet les travaux de démolition d’une partie des bâtiments de l’ancienne mairie ont bien commencé mais le maire Kadir Topbaş a confirmé à cette occasion son engagement à restaurer la citerne souterraine. Aucune construction ne devrait la recouvrir pour éviter son effondrement. En surface, il est prévu de faire un espace vert… Et pour l’instant, je n’ai rien lu concernant l’annulation de ce projet.

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  4. J'avais visité cette citerne en 2008, et je fus surpris de ne pas la retrouver en avril 2010.
    A bien y regarder cependant, elle est toujours là, sur la rue Piyer Loti, mais l'immeuble qui la surmontait a été rasé. En s'approchant de la porte qui se trouve au centre du chantier, on peut l'apercevoir. Espérons que la restauration saura la préserver...

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